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LES GUETTEURS

Un film de Ishana Shyamalan

Faire un film comme papa

Mina travaille dans une animalerie et un beau jour son responsable lui demande un service : déposer un perroquet chez une cliente à 3 heures de route. Alors que le trajet se déroule bien, sa voiture tombe en panne et elle n’a pas d’autre choix que de s’engouffrer dans la forêt environnante dans l’objectif de trouver de l’aide. Mais la nuit tombe et Mina découvre une petite bâtisse avec trois personnes vivant à l’intérieur. Elle s’y réfugie, mais découvre que cette forêt est régie par des règles et ses nouveaux hôtes lui expliquent que si elle ne les respecte pas, quelque chose caché dans cette forêt lui réserve une sentence mortelle. Mina doit alors se faire à ce nouveau quotidien tout en essayant de retrouver sa liberté…

Il est loin le temps où le nom Shyamalan résonnait avec les termes « qualité assurée » et « twist renversant ». Outre son début de carrière et quelques fulgurances depuis (on pense à "The Visit" ou encore "Glass"), le cinéaste devient peu à peu l’ombre de lui-même (on ne va pas mentionner "Le Dernier Maître de l’air"…) et ses tics de narrations en plus d’être prévisibles font dorénavant partie d’un cahier des charges estampillé Shyamalan. Quand on a appris que sa fille, Ishana, allait passer à son premier long métrage on ne peut pas dire que l’excitation était à son paroxysme. Il est vrai que « les filles et fils de » peuvent abriter de vrais auteurs (on pense à Brandon Cronenberg, fils de David, qui a su, tout en restant dans le sillage du paternel, se démarquer et proposer son point de vue) mais aussi parfois des « cinéastes en herbe » pour lesquels tout leur est prémâché (papa s’occupe de la production, aide sur la réalisation, le script etc). Et on était quand même curieux de voir dans quelle catégorie elle allait se placer.

Hélas malgré une introduction mystérieuse dans cette forêt, aidée par des cadres posés et élégants, le film ne fait que singer la mise en scène du père Shyamalan et tombe dans ses pires travers. C’est bien simple, dès la première moitié du film passée, les 40 minutes restantes seront sur-explicatives au possible (on regarde soit un écran qui nous raconte, soit des personnages parler face caméra), ce qui enlève déjà toute tension mais aussi toute implication. On nous raconte oralement ce qu’on pourrait nous montrer. Le rythme s’en fait évidemment ressentir, au point que le temps paraît long et ce n’est pas la révélation ou ce pauvre climax trop sombre qui vont relever le niveau. Il est intéressant cependant de dresser un parallèle entre le parcours de l’héroïne (trop rare Dakota Fanning) et celui de sa réalisatrice : Mina doit trouver sa voie et qui elle est vraiment, alors que de l’autre côté Ishana Shyamalan n’ose pas affirmer la sienne et se retrouve à recopier papa.

Germain BrévotEnvoyer un message au rédacteur

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