Festival Que du feu 2024 encart

LES FÉES SORCIÈRES

Un recueil réjouissant entre bien et mal

Une sorcière verte qui part à la recherche d’un bébé comme ingrédient d’une potion, une fée qui s’allie avec une araignée pour tisser d’utiles toiles, une petite sorcière qui met du fromage à la fenêtre espérant le retour de son ami le rat, et une apprentie fée qui préfère rejoindre les sorcières en forêt…

Ce sont des notions simples que vont évoquer les 4 films qui composent ce recueil de courts métrages animés à destination des plus petits (l'ensemble est visible à partir de 4 ans, même si l'épisode titre serait plutôt à conseiller aux plus de 5 ou 6 ans). Outre la découverte de ses propres qualités au contact des autres ou de sa vocation profonde, ces petits films abordent aussi la complicité ou la complémentarité, et l'amitié. Le programme commence avec l'amusant film en 2D "Le Bébé et la Sorcière" d'Evgenia Golubeva (Russie, 5mn, 4 étoiles), dans lequel une sorcière au visage et au corps bien verts, cherche désespérément un bébé comme ingrédient manquant de sa nouvelle potion. Pour cela, elle va tenter d'en voler un, en devenant la nourrice d'une famille royale. Mais le bébé s’avérera particulièrement turbulent et attachant. Un peu BD dans la présentation des pensées sous forme de bulles, avec uniquement des onomatopées, le film regorge d'idées saugrenues comme la maison sur pattes, qui réagit aux situations comme un être vivant, l'élimination des rivales pour le poste de babysitter en les transformant en grenouilles, ou les multiples bêtises du rejeton.

Suit "La Superfée et l’Araignée" d'An Vrombaut (Belgique, 7mn, 3 étoiles), également en 2D mais au dessin plus schématique, dans lequel une fée bleue, aux robe et chapeau en forme de toile, se promène avec au bout de sa baguette une complice araignée, créant ensemble des toiles fort utiles. Le design de l'araignée est simple et trognon, composé d'une boule avec deux grands yeux. Mais une querelle entre elle va les séparer, chacune ne parvenant qu'à tisser un fatras de fils qui va finir par emprisonner tous les animaux qu'elles croisent. Cette histoire de réconciliation fonctionne plutôt bien, baignée dans des teintes apaisantes, bleues et rose. On notera au passage une jolie idée poétique, avec, le film étant lui aussi sans paroles, les pensées des personnages représentés sous forme de respiration, convoquant un dessin schématique : château pour la fée, bateau pour l'araignée...

En, troisième court, on trouve le charmant "Filante" de Marion Jamault (France, 9mn, 4 étoiles), à base de peinture et pochoir donnant de belles textures aux dessins 2D. Il s'agit de l'histoire (pas totalement claire) d'une petite sorcière aux cheveux bleus qui s'ennuie de son rat domestique Ratou, et met chaque nuit du fromage à sa fenêtre, espérant son retour. Autour de la notion de vœux (à une étoile) ce conte convoque une petite chauve souris bleue, des sirènes, mais nous perd un peu avec ses feuilles d'or. Reste un voyage dépaysant et étrange. Enfin, le film titre, "La Fée Sorcière" de Cedric Igodt et David Van de Weyer (Belgique / Bulgarie, 15mn, 2 étoiles) vient clore le recueil en demi-teinte. Autour du fait de trouver sa voie (ici une apprentie fée préfère rejoindre les sorcières dans de sombres bois), ce court métrage en images de synthèse souffre de la représentation des visages des personnages, comme sales ou enduits de suie. Heureusement, la beauté des décors parvient presque à nous le faire oublier, avec le château tout de roses pâles au milieu des nuages, et la sombre forêt et ses fleurs sans couleurs. Reste un conte intelligent sur le désir de fantaisie, symbolisée ici par le fait de voler (ou faire du patin ?!), loin des aspects policés d'une éducation toute tracée et d’une dichotomie simpliste entre bien et mal.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

BANDE ANNONCE

Laisser un commentaire