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LES DÉGUNS 2

Les nouveaux dégâts dégueu des déguns

Karim et Nono tentent leur chance en tant que candidats d’une émission de télé-réalité, puis en essayant de percer dans le rap, le premier comme chanteur sous le pseudonyme de Necrophile et le second comme son manager-producteur…

Les Déguns 2 film movie

Quand on considère déjà que "Les Déguns" était l’une de plus grosses catastrophes du « cinéma » français de ce siècle, il y a sans doute quelque chose de maso à se farcir "Les Déguns 2". Mais voyez-y plutôt un mélange de curiosité, de perplexité et d’inquiétude : que dit le succès d’une telle médiocrité ? Après le million d’abonnés de la web-série et les 500 000 entrées en salles du premier long métrage, cette suite, tout aussi navrante, donne des frissons concernant l’état mental de la société française.

Comme dans le premier volet, le problème central ne vient pas du choix de mettre en scène des personnages débiles, mais bien du manque de décalage entre la stupidité des protagonistes et la bêtise du film lui-même. Comparons par exemple avec "Borat" : quand Sacha Baron Cohen et son réalisateur Larry Charles mettent en scène ce personnage grotesque, c’est pour mieux révéler et critiquer les travers de la société américaine. Rien de tel ici. Ainsi, quand le film semble prétendre faire une parodie de la télé-réalité, on sent plutôt une fascination pour les émissions les plus décérébrées du PAF, le film ayant d’ailleurs recours à de vrais participants de l’émission "Les Marseillais" qui jouent leur propre rôle. L’apologie de la superficialité est dégoulinante et se confirme même si on consulte le dossier de presse (facilement accessible en ligne) car ce document n’a pas grand-chose d’autre à mettre en avant que les statistiques des comptes des « guests » sur les réseaux sociaux !

D’autre part, la place centrale du rap donne une image franchement pitoyable de ce genre et de ce milieu, en mettant en scène tous les clichés les plus dégradants du hip-hop : vulgarité, goûts bling-bling, agressivité, sexisme, porosité avec la délinquance ou le banditisme. On se demande ce que peuvent y gagner les vrais rappeurs qui jouent leur propre rôle au risque d’écorner franchement leur image – c’est surtout le cas de Sofiane qui y est dépeint comme une racaille adepte de la menace et de l’insulte et flirtant avec l’illégalité.

Au menu de cette catastrophe filmique, nous avons donc des lourdeurs à n’en plus finir (dont un penchant affirmé pour l’humour scatologique), des idées grotesques, des calembours qui sentent la naphtaline (« Il y voit rien, cet Ivoirien », « deux cheikhs en blanc ») et même des blagues malsaines qui posent question (« il n’y a pas de femmes battues, il n’y a que des femmes qui ont perdu des bagarres » !). Au milieu de cette bouillie infâme, on pourra se surprendre parfois à sourire, comme lorsque Nono se déguise en Didier Raoult, mais cela n’empêche pas le désastre général.

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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