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LES BIEN AIMÉS

Un film de Christophe Honoré

Ambitieux mais inégal

Presque par hasard, Madeleine deviendra prostituée. C'est en tous cas ce qui l'a sauvée de la prison. En 1964, elle rencontre un médecin tchèque, qui devient un client régulier et qu'elle suivra à Prague. Des années plus tard, sa fille Véra vit ses amours avec beaucoup moins de liberté...

Je ne fais pas partie des fans des films de Christophe Honoré, ni des compositions d'Alex Beaupain, mais il faut bien avouer qu'il se dégage de ses « Bien aimés », découvert en clôture du Festival de Cannes 2011, quelque chose de léger et grave à la fois, porté par la résonance de l'Histoire et des amours des deux héroïnes. Ici, les récits personnels viennent se fracasser contre le printemps de Prague, viennent s'essouffler aux pieds d'un 11 septembre vu depuis Montréal. Comme pour « Les chansons d'amours », les morceaux d'Alex Beaupain rythment le récit, mais permettent ici d'exprimer des pensées intimes, des réflexions intérieures, des dialogues qui n'auront parfois jamais lieu, de ceux qu'on n’ose pas, de peur de perdre l'autre ou par simple honte de se dévoiler.

Vous l'aurez compris, « Les Bien aimés » est un film d'un romantisme échevelé, une œuvre généreuse, qui prend son temps, trop de temps, le film durant 2h15 et n'échappant pas de ce fait à certaines lourdeurs, pour mieux dépeindre les liens indéfectibles qui unissent certains être au travers du temps. Car ici mère comme fille portent un homme en leur cœur, médecin immigrant ou américain homosexuel et séropositif. Elles le chérissent chacune à leur façon, dans une époque d'insouciance ou de dangers. Elles le portent avec elles, la chanson phare du film nous le rappelant régulièrement : « Je peux vivre sans toi, oui mais, Ce qui me tue mon amour c'est, Que je ne peux vivre sans t'aimer ».

Le résultat est donc le même, que l'autre soit présent ou non. Ce sont la poursuite et l'élan qui comptent, qui font rejoindre l'être aimé à tout prix. Du coup, si le film commence avec Ludivine Sagnier dans la légèreté des sixties, coloré et rythmé, ne vous laissez pas décourager par la baisse de rythme qui s'en suit, et laissez-vous porter par Deneuve et Mastroianni, jusqu'aux moments les plus dramatiques, certainement les plus beaux du film. Car ceux-ci, traités avec finesse, valent réellement le déplacement, à l'image de ces rituels qui subsistent (le détour par la rue et l'hôtel où les amants se rejoignaient...) pour faire revivre une petite flamme.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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