LE ROYAUME DE NAYA
Conte folklorique ukrainien
Depuis que les humains ont voulu s’approprier la source de vie éternelle, l’accès au royaume de la Forêt, au-delà des Montagnes Noires, leur est strictement interdit. Les créatures fantastiques qui vivent dans cet espace veillent constamment afin d’éviter une nouvelle destruction de la nature comme celle provoquée par l’affrontement contre les humains. Alors que Naya est élue comme la nouvelle protectrice du royaume, une humaine planifie une expédition pour retrouver la source…
Dans le contexte actuel, distribuer ou voir un film ukrainien peut relever de l’acte politique. Ça l’est encore plus quand il s’agit d’un film d’animation exploitant en partie le folklore ukrainien et adaptant une pièce du patrimoine théâtral national ("La Chanson de la forêt" de Lessia Oukraïnka, 1911). Et on ne peut s’empêcher, en spectateur adulte à l’affût, d’interpréter le début du film : des humains qui tentent de s’emparer d’une source appartenant à des créatures fantastiques avec lesquelles ils avaient sympathisé, cela peut sonner comme une métaphore de la trahison du « grand frère russe » (qui date a minima de l’annexion de la Crimée en 2014 et non de l’invasion de 2022, donc avant la production de ce film).
Au-delà de ces possibles interprétations géopolitiques qui peuvent pimenter le visionnage pour les plus âgés, que peut-on retirer de ce film avant tout destiné aux enfants ? On hésite ! "Le Royaume de Naya" déçoit en effet sur bien des aspects : des recettes tellement éprouvées en termes de scénario et de gags que l’on peut ressentir lassitude ou ennui ; une esthétique parfois trop criarde voire tape-à-l’œil ; une fluidité pas toujours au rendez-vous pour les mouvements des personnages ; une mise en musique irrégulière (enthousiasmante par exemple pour les morceaux aux consonances folkloriques, mais bien moins pour les quelques chansons pop bien fadasses avec leurs paroles niaises traduites en français !) ; ou encore un personnage de couturier franchement mauviette qui laisse perplexe (des sous-entendus homophobes ?!).
Ce long métrage reste tout de même un sympathique conte aux messages humanistes et écologiques, avec des personnages hauts en couleur et un mélange plutôt riche d’actions, d’émotions et de rires.
Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur