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LE RETOUR

Un film de Catherine Corsini

Un retour raté

Devant le bateau qui va bientôt quitter l’île de la Corse, Khédidja accompagnée de ses deux filles se presse pour ne pas rater le départ. Mais, au moment d’embarquer, la jeune femme reçoit un appel téléphonique qui va la bouleverser à jamais… 15 ans après cette fuite, Khédidja et ses filles s’apprêtent pour la première fois à retourner sur l’île de Beauté pour un travail d’été. L’opportunité pour chacune d’entre elles de plonger dans ce passé trouble…

Le Retour Catherine Corsini film movie

On avait laissé Catherine Corsini avec un beau dernier film, "La Fracture", sélectionné en compétition officielle de Cannes 2021, auréolé d’une Queer Palm et césarisé d’un prix amplement mérité de la meilleure actrice dans un second rôle pour Aïssatou Diallo Sagna, alors simple infirmière qui nous avait bluffés par son talent. Autant dire qu’on était très impatients de découvrir "Le Retour" qui devait signer un autre retour : celui de la collaboration Corsini/Diallo Sagna. L’excitation était d’autant plus grande que le film était « de retour » à Cannes, également sélectionné en compétition officielle.

Hélas ! La déception est grande… L’histoire a beau être dense, impliquer une foule de personnages, traiter de nombreux thèmes, rien ne va et surtout tout est bancal. Sans critiquer les prestations artistiques des comédiennes qui s’en tirent plutôt bien, comment s’intéresser à ce récit quand le personnage de la mère joué par Aïssatou Diallo Sagna est à ce point insignifiant ? Quand les jeunes filles sont à ce point antipathiques (mentions spéciales à l’insupportable Farah jouée par Esther Gohourou et au cruel journal intime qu’écrit Jessica interprétée par Suzy Bemba) ? Quand le scénario « s’auto-clashe » au travers de dialogues qui s’amusent de ses propres clichés ? Quand on voit gros comme une maison venir chaque situation ?

Pourtant le film avait tant à dire sur la recherche de ses racines, les fractures familiales, la découverte de sa sexualité, les a priori sociaux et raciaux… Mais tout tombe à l’eau dans des scènes sans aucun souffle, sans aucune proposition de cinéma, sans qu’aucune émotion ne pointe jamais le bout de son nez. Tout est plat. On s’ennuie donc rapidement dans ce décor estival de rêve, d’où on repart quand même avec deux lots de consolation. Le premier est la drôlerie piquante de Denis Podalydès qui nous sort de la sieste à chacune de ses – malheureusement trop rares – apparitions. Le second est la présence de Lomane de Dietrich, petite révélation du film. Si on croyait avoir définitivement perdu Adèle Haenel, rassurez-vous, elle est ressuscitée dans la peau de cette jeune actrice, parfait sosie de la comédienne qui a récemment annoncé arrêter le cinéma. Elle a tout d’elle : son physique, son phrasé et même son talent.

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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