LE RÈGNE ANIMAL
L’Homme, cet animal
Un mystérieux virus s’est propagé et les humains qui l’attrapent se changent progressivement en animaux, oubliant tout de leur vie d’avant. La mère d’Émile en est atteinte et est soignée dans un hôpital spécialisé. Quand celle-ci s’échappe, lors d’un accident de transfert, son fils et son mari, François, vont tout faire pour la retrouver, quitte à chambouler la vie qu’ils avaient construite…
"Le Règne Animal" est le second film de Thomas Cailley, sélectionné à Cannes, en mai dernier, dans la section Un certain Regard. Connu pour son sublime premier long, "Les Combattants", ce nouveau film prend le pari du fantastique mais reste toujours centré autour de personnages forts et attachants.
L’omniprésence du fantastique dans film est son atout majeur, ceci de plusieurs points de vue. Tout d’abord, un film fantastique français, c’est rare, encore plus quand c’est bien fait. Le travail des costumier-e-s, machinistes, responsables des effets spéciaux… est à cet égard magistral, et l’ingéniosité de la mise en scène permet de pallier les manques ou les insuffisances : on croit à ces créatures et on est transporté par elles.
De plus, le fantastique sert ici un propos écologique et réinterroge la place de l’Homme dans son univers, et plus particulièrement ses rapports avec les autres espèces - hominidés ou non. Doit-on combattre celui qui nous ressemble (mais qui ne nous ressemble plus) ? Quelle place doit-on leur laisser ? À qui doit-on la laisser, cette place ?
Le film est à première vue remarquable, réussissant là où d’autres ont échoué et ouvrant la voie à un cinéma français volontaire et ambitieux. Toutefois, on pourra regretter certaines facilités, à commencer par le personnage campé par Adèle Exarchopoulos. Celle-ci semble intégrée à l’histoire de manière aléatoire, amenant une romance entre elle et François (Romain Duris) complètement artificielle, et surtout inutile dans la progression du récit. De même, le scénario dans une plus large mesure peine parfois à convaincre jusqu’au bout : les scènes se succèdent sans que l’on réussisse toujours à saisir le projet global.
Mais face à une telle proposition et un tel risque, on est prêt à excuser Thomas Cailley et à vous inviter à aller voir ce film : une fable écologique et fantastique qui détonne parmi les propositions actuelles, et des interprètes qui portent des personnages forts.
Valérian BernardEnvoyer un message au rédacteur