LE PROCÈS DU CHIEN

Les films de procès ont le vent en poupe depuis quelques temps. L’année passée Justine Triet et Cédric Kahn nous ont livré deux perles du genre avec respectivement "Anatomie d’une chute"et "Le procès Goldman". Mais difficile de renouveler un genre si engoncé dans les règles dramaturgiques et bien souvent cantonné derrière les portes bien gardées du palais de justice. Pour apporter un peu de nouveauté, on peut imaginer que l’accusé soit un animal. Plus tôt cette année Fred Cavayé s’était déjà essayé à l’exercice avec le semi-échec qu’a été "Les chèvres". Cette fois-ci l’accusé est un chien, animal autrement plus sympathique qu’une chèvre.

C’est uniquement dans un univers kafkaïen et drolatique qu’une telle histoire pourrait avoir lieu. L’absurdité administrative et l’absurdité des hommes ouvre en effet une infinité de possibilité. Laëtitia Dosch, actrice reconnue dont c’est la première réalisation, installe avec un certain brio cet univers grotesque et pourtant pas si éloigné du nôtre. Interprétant elle-même le premier rôle, celui d’une avocate ambitieuse mais maladroite, la jeune cinéaste nous fait rire, mais nous fait également réfléchir sur la nature de l’animal et par assimilation sur notre propre nature.

Le chien est un animal doué d’une grande intelligence, mais encore largement mû par des réflexes primaires. Se pose alors la question de la responsabilité juridique du chien. Peut-il être jugé responsable de ses actes et par conséquent puni pour ceux-ci ? Une question épineuse à laquelle il n’est pas aisé de répondre. Surtout que l’Homme se trouve vite face à un mur lorsqu’il s’agit de communiquer avec celui qui est pourtant son meilleur ami. Une tentative désespérée pour faire parler le chien à l’aide d’une machine loufoque conduit d’ailleurs à la scène la plus hilarante du film.

Pour sa première fois derrière la caméra, Laëtitia Dosch peut également compter sur l’implication de ses acteurs. Jean-Pascal Zadi régale en maître-chien excessivement passionné par son travail, tandis que François Damiens livre une prestation digne de ses fameuses caméras planquées. N’oublions pas le chien Kodi dans le rôle de Cosmos qui a déjà conquis le jury de la Palme dog au Festival de Cannes et qui, à n’en point douter, saura également séduire le public.