LE PARFUM D'IRAK

Un film de Léonard Cohen
Avec les voix de Feurat Alani...

Un documentaire animé élégant et instructif

L’histoire de la famille de Feurat Alani, né en France en 1980, dont le père avait été mis sur la liste des dissidents et obligé de fuir dans les années 70 avec sa famille. L’occasion de revenir sur l’histoire du pays, depuis 1988 jusqu’en 2015…

Diffusion sur Arte le 11 septembre 2024
Diffusion sur Arte TV à partir du 4 septembre 2024

Le film s’ouvre sur un hommage de ses amis à un homme qui vient de mourir, la Fatiha, une tradition répétée 3 jours puis 40 jours après le décès. Cet homme n’est autre que le père du narrateur, Feurat Alani, né lui sur le territoire français et devenu journaliste, et ayant découvert le pays d’origine de sa famille, l’Irak, par différents voyages, son père étant initialement réticent à raconter leur passé. Ce sera donc ensuite une série de flash-back, accompagnés de sa voix en off, qui retraceront en échos le destin d’une famille et celui d’un pays, malmené entre dictature, occupation américaine, attentats djihadistes, et intervention militaire. Un pays décrit comme avancé en 1988, dont il désigne finalement l’idée même comme ne pouvant être reconstruite qu’en des décennies.

D’un aspect graphique très harmonieux, à partir d’aplats de couleurs éteintes (ocres, jaunes, bleus, gris, blanc…) avec des silhouettes ou visages personnages en noir, ou aux têtes et membres rouges selon leurs origines, le film bénéficie de plus d’élégantes transitions sous formes de volutes de couleurs. À partir d’un premier voyage en 1988, auquel le père, considère comme opposant, ne peut participer, c’est l’amour d’un pays et de ses gens qui s’exprime, l’enfant s’imaginant diverses scènes d’action sous la forme de jeux, tout en découvrant un monde sous surveillance, avec « les moustaches qui ne sourient pas », l’ombre de Saddam et son œil géant qui vous suit en permanence. Quelques flash-back viendront aussi éclairer un passé plus lointain en illustrant la vie du père et la répression contre les opposants.

On apprend également beaucoup à la fois sur les traditions ou la symbolique locale (le fait de tourner d’la semelle de sa chaussure vers le visage quelqu’un...), les conséquences de l’embargo ou de la purge réalisée par les Américains sur l’appauvrissement général et la montée de la religion, et au final de l’extrémisme. Rappelant intelligemment au final que « la liberté ne s’impose pas », pas plus que la démocratie, "Le Parfum d’Irak" se termine sur l’âge adulte du narrateur et l’effarement face à la spirale enclenchée depuis 2015 avec la Syrie, sur une tonalité nostalgique.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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