LE MYSTÈRE DES PINGOUINS
Une jolie fable initiatique
Aoyama, élève de CM1 compte impatiemment le nombre de jours qui le séparent de l’âge adulte. En ce 29 juin, il lui en reste exactement 3 888. Mais alors qu’il est à l’école, un étrange phénomène se produit : sur le terrain vague voisin apparaissent une dizaine de créatures, qui s’avèrent être des pingouins. Avec son meilleur ami, ils vont tenter de comprendre ce phénomène…
Il se dégage de cet animé japonais, une sensation de mystère, qui rend le choix du titre français particulièrement pertinent. Tiré du roman Penguin Highway de Tomihiko Morimi (paru en 2010 au Japon), le film est réalisé par le jeune Hiroyasu Ishida, co-fondateur du Studi Colorido (avec le character-designer Yojiro Arai), plutôt spécialisé initialement dans les courts-métrages ou les spots publicitaires. Se lançant dans le long métrage, leur collaboration intrigue autant qu’elle dégage une indéniable poésie.
En effet, les aventures de Aoyama prennent ici rapidement une forme d’enquête, le jeune garçon entraînant dans son sillage (et ses questionnements existentiels précoces) son meilleur ami, une rivale, ainsi qu’une mystérieuse assistante dentaire (qui s’avérera pleine de surprises). Mais ce sont surtout les pingouins, dans leur comportement mutique et leur rapport à l’eau, qui génèrent le mystère. Leurs étranges transformations, la nature de la rivière que l’un d’eux empreinte, les baleines sur pattes, les capacités hors normes de l’assistante, sont autant d’éléments venant perturber un monde au départ très balisé.
Mais au-delà de l’enquête aux accents enfantins, c’est une certaine perspective sur le passage à l’âge adulte que propose le film. Invitant à ne pas avoir peur de la séparation et à « se souvenir avant tout des moments passés ensemble », il offre aussi une belle perspective sur la notion de destinée. Destiné sans doute plutôt à un public d’adolescent et d’adultes, "Le mystère des pingouins" est une belle surprise pleine de charme, et s’affiche en alternative intéressante aux grosses machines animées du moment.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur