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LE MONSTRE

Un film de Anthony Mandler

Pour le talent de Kelvin Harrison Jr.

Steve Harmon est un lycéen talentueux qui compte bien réaliser son rêve universitaire en poursuivant ses études en cinéma. Mais tout va basculer lorsqu’il se retrouve accusé dans une sordide affaire de braquage…

Le Monstre film movie

Sortie le 7 mai 2021 sur Netflix

Au vu de son sujet, les inégalités raciales aux États-Unis, "Le Monstre" se place immédiatement dans la catégorie des œuvres qu’on a envie d’aimer, tant il est important de continuer à parler de ce combat à l’aune des récents évènements outre-Atlantique. Mais entre le moment où le film a été tourné, il y a désormais quatre ans, et sa sortie, de nombreux autres projets sont passés par là, et bien souvent avec brio ("Queen & Slim", "Les Sept de Chicago", "The Hate U Give", "Judas and the Black Messiah"…). Malheureusement pour ce métrage, arrivé directement sur Netflix pour l’Hexagone, la comparaison n’est pas en sa faveur, la faute à un scénario trop didactique et une mise en scène superficielle.

La caméra suit Steven Harmon, un lycéen de 17 ans ayant la chance de grandir dans un foyer aimant. Même si la famille s’est installée dans un quartier peu huppé d’Harlem, l’adolescent n’a jamais été tenté par les mauvaises fréquentations, préférant son appareil photo aux armes pour s’emparer du monde. Et même lorsqu’il traine en bas des blocks avec William King, jeune homme beaucoup moins respectable, c’est pour en faire l’objet d’un de ses films d’étude. Mais lorsque ce dernier est accusé du meurtre d’un épicier, c’est tout l’univers de Steven qui s’écroule, passant d’un futur promis sur les bancs de l’université à un présent derrière les barreaux. C’est le début d’un drame judiciaire aux velléités politiques.

Si la performance de Kelvin Harrison Jr. mérite les louanges, on ne peut pas en dire autant de cette adaptation d’un roman éponyme de Walter Dean Myers. À l’image de cette scène de cours sur "Rashōmon" de Kurosawa, dont le film souhaite s’inspirer dans sa manière de décrire le même évènement selon différents points de vue, ce premier long métrage se perd totalement dans une surexplication de chaque élément de son intrigue. Issu du clip, Anthony Mandler esthétise son récit en le bourrant d’artifices, annihilant complètement la rage de son pamphlet au point de le rendre inoffensif. Pire, à chaque fois que "Le Monstre" semble enfin autopsier ce système judiciaire défectueux où la couleur de peau suffit à balayer toute présomption d’innocence, le métrage s’embourbe dans un écrin narratif bien trop chargé, à la voix-off agaçante et aux flashbacks frôlant le kitsch. Dommage…

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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