LE MONDE EST À EUX
Un cas potentiellement inspirant
Dans le lycée Eugène Delacroix de Drancy, la classe de terminale ES3 affiche un résultat de 100 % de réussite au Bac. On suit pendant une année scolaire, l’une de ses promotions, entre parole donnée aux élèves, encouragements, échanges avec les parents, et efforts de tous…
"Le Monde est à eux" est un de ces multiples documentaires sur l'éducation qui inondent nos écrans depuis quelques années (tout comme ceux sur l'agriculture). "Être et avoir" en aura été le précurseur, et on ne compte plus les exemples depuis, entre "Une Idée Folle", "Ce n'est qu'un début", "Le Maître est l'enfant", "Tout s'accélère", ou les récents "Mr Bachmann et sa classe" ou "Favoriten". Se contentant de filmer quelques moments en classe, servant souvent purement de liant entre les interviews d'élèves face caméra, les rencontres collectives avec les parents, et les entretiens des profs avec parents et élèves, le film peine réellement à expliquer les principes de la « méthode réconciliations » vantée en sous-titre et son caractère novateur.
Ceci d'autant plus qu'un des deux professeurs, de Français et Histoire, également réalisateur, prend clairement le dessus, le prof de Maths s'avérant très effacé. On en retiendra cependant quelques mots clés égrainés par-ci par-là (« partager les responsabilités avec les familles », « apprendre à être autonome », « ne pas décourager », « souligner les progrès »...) qui viennent conforter la malheureuse sensation globale d'un film promotionnel qui prend à peine le temps d'expliquer son propre objet. Contribuent également à ce sentiment la présence de symboles appuyés, comme le seul lieu d’importance extérieur à l'école qui semble être une passerelle, ou parmi les rares sujets de fond celui du déterminisme social, qui a droit à un long passage en classe.
Reste que derrière une forme peu inspirée de mise en scène (les échanges – reconstitués ? - de textos à l'écran...), hormis pour le passage à la fête foraine (le tir...), ou l'arrivée des anciens élèves à la fin (qui fait cependant partie de la propre mise en scène de la session de félicitations...), on ne peut qu'apprécier la bienveillance de l'ensemble de la démarche, s'appuyant sur les encouragements plus que les réprimandes. Saluée en pointillés par les élèves dans leurs interviews, c'est finalement et avant tout une brochette d'adolescents qui emporte la sympathie du spectateur, entre étonnement face à stylo vide (synonyme de travail acharné), récit touchants de rapports conflictuels passés avec un père au lendemain de la mort d’une mère, traumatisme du retrait d'un portable pour une journée, joies d'une escapade parisienne ou en fête foraine… Un film qui a tout de même bien du mal à se démarquer du tout venant du documentaire sur l’éducation.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur