LE GRAND MAGASIN
Un petit bijou d’humour et de sensibilité
Apprentie concierge dans un grand magasin ne servant que des animaux, Akino doit à la fois bichonner et conseiller les clients. Dès ce premier jour de travail, elle découvre ce métier périlleux, coupant la route à de nombreuses petites créatures, écrasant par mégarde une sorte de pingouin, faisant boulette sur boulette. Devant en effet satisfaire les VIA (Very Important Animals), elle se retrouve à aider un furet à trouver un cadeau pour la femme du président Hibou, à être vigilante face à un paon envahissant ou un lionceaux qui ne trouve plus son parfum préféré…
"Le Grand Magasin" est le premier long métrage de Yoshimi Itazu, qui fut animateur sur les longs métrages "Paprika", "Le Vent se lève" ou la série "Fullmetal Alchemist", mais aussi directeur de l'animation sur "Wonderland", "Miss Hokusai" ou récemment "Le Garçon et le héron", et réalisateur de séries télé telles que "Bienvenue au Bal" ou "Run with the wind". Cet anime japonais devrait faire le bonheur des petits (charmés par les personnages d’animaux) et les grands (plus sensibles au mélange de maladresse et de malice de l’héroïne) en cette période des fêtes, offrant ainsi une alternative originale au Disney chanté "Wish"et à la grosse machine Universal / Illumination, "Migration".
Naturellement positionnée avant Noël, la sortie de ce film d’animation, faisant le portrait d’une jeune employée qui fait ses premiers pas de concierge, mais aussi de serveuse au restaurant, dans un grand magasin, se centre sur le sens des cadeaux que souhaitent faire différents clients. La maladresse du personnage est installée dès les premières minutes du métrage, au travers de ses multiples excuses, alors qu’elle coupe la route à des créatures de différentes tailles et espèces, et qu’elle piétine par mégarde une sorte de pingouin qu’elle ignore être le patron des lieux. Son excès de zèle, sa fébrilité permanente, sont ensuite gentiment tournés en dérision au fil de l’intrigue, alors que l’on découvre avec elle les règles de fonctionnement de l’établissement et que l’on se régale du regard tendre qu’elle porte sur les enjeux de chacun derrière chaque présent (amour, réconciliation, excuses...).
Plutôt malin, le scénario parvient à rendre l’ensemble des contacts clients ludique, grâce à un mélange de bienveillance, de bonne volonté et de nostalgie, qui entraîneront la jeune femme jusqu’aux limites des concepts de cadeau et de client roi. Il utilise aussi un comique de répétition bienvenu, grâce à quelques personnages récurrents plutôt originaux, comme Mr Todo, chef de rayon zélé capable d’apparaître n'importe où (même dans la soupe du restaurant) pour remettre les pendules à l’heure, ou un paon dont la roue est jugée obscène et interdite en public comme tout « rituel nuptial ». On sera forcément séduit par l’originalité de ce film, qu’il s’agisse de sa forme d’humour, son message écolo sous-jacent, ou son graphisme, dont les décors aux couleurs douces et à la quasi absence de contours marqués. Un détour par "Le Grand Magasin"s’impose pendant les courses de Noël, ne serait-ce que pour repenser au sens de ses propres cadeaux, comme à son comportement comme client ou sa responsabilité en tant que consommateur.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur