LE GANGSTER, LE FLIC ET L'ASSASSIN
La violence jouissive bonjour
Dans les rues de Seoul, un flic incontrôlable et un chef de gang s’associent pour chasser un dangereux tueur en série…
Ce synopsis a de quoi faire saliver n’importe quel amateur de film d’action, encore plus de film d’action coréen, car on sait que cela promet de grand spectacle bien sanglant, ce qui ici ne rate pas. Mais le film à l’intelligence de ménager de vraies scènes de dialogue et ainsi de créer de vrais personnages attachants.
Ma Dong-seok est le Gangster. Il est très crédible en chef de la pègre musculeux qui sait autant se servir de ses poings que de sa tête. Ce personnage est très bien caractérisé dès sa première scène. Lee Won-Tae s’amuse à déformer et assourdir le bruit de ses coups de poings sur le punching-ball, ce qui décuple l’impression de puissance. Mais la vraie trouvaille du réalisateur avec ce personnage est de l’avoir rendu humain, gentil et aimable. Il est à la fois drôle et bourru. Il est loin du criminel froid qui va l’agresser. Et le réalisateur joue avec les attentes du spectateur quand, exactement de la même manière que lors des attaques précédentes, la voiture du Gangster se fait emboutir.
Le personnage du policier est également très bien écrit. Toujours en train de crier, il reste très loyal et intègre, alors qu’autour de lui règne la corruption et l’immobilisme. Avec le mafieux, ils font la paire. L’idée de créer une compétition entre eux et qu’ils essaient de se piéger l’un l’autre, ne fait que souligner cette amitié naissante, basée sur le respect.
Globalement, le film est très rythmé. Les séquences s’enchaînent comme du papier à musique, sans un temps de repos. Lee Won-Tae se sert d’un montage parallèle pour accélérer son récit et montrer l’étroite collaboration de la police et du gang. Tirant le meilleur des deux mondes, d’un côté la main d’œuvre dévouée et prête à tout de la pègre, et de l’autre les informations et méthode de la police, l’enquête progresse très vite.
La dernière séquence du film, construite sur une ellipse qu’un montage fragmentaire vient peu à peu remplir, est une vraie réussite. Outre la résolution de l’intrigue, le réalisateur parvient alors à ménager la chèvre et le chou, et à faire en sorte que chacun, dans les limites de la loi, puisse avoir ce qu’il désire. Un tour de passe passe avec la morale, qui permet de la maintenir sauve... ou pas.
Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur