LE FLIC DE BEVERLY HILLS : AXEL F.
Axel F. is F***ing back !
Le temps passe, mais rien ne change vraiment à Detroit : malgré son âge, Axel Foley reste un flic intrépide qui aime le terrain et l’action. Cela a tout de même des conséquences personnelles : sa fille unique, devenue avocate à Los Angeles, a coupé les ponts avec lui et a même changé de nom. Lorsque son ami Billy Rosewood l’informe que sa fille est menacée, Axel se rend une nouvelle fois à Beverly Hills…
Sortie le 3 juillet 2024 sur Netflix
Les suites tardives sont rarement des chefs d’œuvre ("Max Max: Fury Road" est un rare contre-exemple) : parfois ça passe ("Le Monde de Dory", "Men in Black III"…), souvent ça casse ("Les Bronzés 3", "Independence Day: Resurgence"…). Dans tous les cas, il y a des appréhensions avant même de voir le résultat. Et comme Eddie Murphy nous a déjà gratifié d’un récent "Un prince à New York 2" ni fait ni à faire, il est logique d’être sceptique en le voyant endosser le costume d’Axel Foley 40 ans après la création du personnage.
Commençons par refaire un peu l’historique de la franchise concernée. Sorti en 1984 et réalisé par Martin Brest, "Le Flic de Beverly Hills" est rapidement devenu culte et a amplement contribué à la notoriété internationale d’Eddie Murphy, dont c’était seulement le troisième rôle sur grand écran (après "48 heures" et "Un fauteuil pour deux"). Deux suites sympathiques mais bancales sont ensuite sorties, respectivement sous la direction de Tony Scott en 1987 et de John Landis en 1994. Par la suite, alors qu’Eddie Murphy était lui-même insatisfait du troisième opus, un projet de quatrième film a été envisagé en vain dès les années 90 puis à nouveau au milieu des années 2000. Puis Barry Sonnenfeld a réalisé en 2013 le pilote d’une série centrée sur le fils d’Axel Foley avec un caméo d’Eddie Murphy, mais la série a été annulée et le pilote, bien que tourné, n’a jamais été diffusé. Curieusement, c’est bien l’échec de cette série qui a relancé le projet de quatrième film et qui a fini par aboutir sur Netflix malgré les retards et les péripéties.
Ainsi, voilà Axel Foley de retour alors que son interprète est désormais sexagénaire, donc a priori assez loin de l’image du jeune flic cool, audacieux, provocateur et désinvolte, aux répliques cinglantes et à l’instinct hors du commun. On a un peu peur du produit fadasse quand on constate que le réalisateur, Mark Malloy, n’a quasiment que des publicités à son actif. Mais on n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise : étonnamment, ce quatrième volet de la saga s’avère plus fidèle au premier que ne l’étaient les deux épisodes intermédiaires, avec un bien meilleur équilibre entre action et humour, et un scénario finalement plus cohérent.
On se surprend alors à prendre énormément de plaisir (et de manière quasi immédiate) à retrouver Axel Foley (fidèle à lui-même tout en étant conscient des changements). Quelques autres personnages récurrents sont aussi de la partie : Billy Rosewood (incarné par Judge Reinhold, seul autre acteur présent dans toute la franchise, y compris le pilote de la série), sorte d’alter ego blanc d’Axel qui avait gagné en folie à partir de l’épisode 2 ; John Taggart (John Ashton), dont le retour aux affaires est très bien amené malgré sa retraite théorique (qui expliquait son absence dans le 3) ; Jeffrey Friedman (Paul Reiser) en ex collègue de Detroit ayant pris du galon mais désormais sur le départ ; et Serge (Bronson Pinchot), dont on aurait toutefois pu se passer car cette caricature LGBT passe moins bien de nos jours. Les clins d’œil aux précédents films (qu’il n’est pas interdit de revoir avant afin de mieux capter les références et/ou de mieux les comparer) sont bien intégrés à une intrigue qui tient finalement la route de bout en bout (si l’on accepte évidemment les excès inhérents au genre).
Si l’on sent la volonté de coller un peu à l’époque et à l’évolution de la société (par exemple avec un traitement moins macho des personnages féminins), "Le Flic de Beverly Hills : Axel F." ne verse pas pour autant dans la modernisation à tout-va (c’est souvent là où le bât blesse dans les suites tardives) et n’en oublie pas les marqueurs de la saga, que ce soit pour le style, pour l’humour ou encore pour la musique (le compositeur Lorne Balfe s’inscrivant à merveille dans l’héritage de Harold Faltermeyer en réarrangeant ou complétant les thèmes de ce dernier). Le casting n’est pas en reste : pour compléter les habitués, rien de moins que Joseph Gordon-Levitt, Kevin Bacon et Luis Guzmán, qui s’intègrent très bien dans la saga, chacun avec ses caractéristiques. Et exit le fils créé pour la série avortée, qui laisse place à une fille unique, incarnée par Taylour Paige (déjà vue sur Netflix dans "Le Blues de Ma Rainey"). Si certaines ficelles scénaristiques sont prévisibles, d’autres sont plus inattendues, et l’ensemble constitue un divertissement plus qu’honorable. Une belle surprise donc. Il paraît qu’un cinquième opus est prévu ; pourvu que ce ne soit pas celui de trop !
Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur