LE DERNIER VOYAGE
Une ambitieuse SF française
Une lune rouge, exploitée pour une nouvelle forme d’énergie, s’approche de la terre, grossissant à vue d’œil et menaçant de détruire toute vie sur la planète. L’astronaute Paul W.R., supposé seul capable de franchir son champ magnétique et de déposer des charges nucléaires à sa surface, a pris la fuite dans le désert, persuadé que détruire la lune rouge n’est pas la solution…
Cela fait un bien fou. Ayant raté le film au festival d’Angoulême en août dernier, c’est donc lors de cette première séance de réouverture, mercredi 19 mai à 9h10 du matin, que nous avons pu découvrir "Le dernier voyage", ambitieux film de science fiction français. Et cela fait en effet un bien fou, de savoir que des distributeurs (en l’occurrence Tandem) osent sortir une nouveauté dans ce genre, en l’absence de grosses machines américaines, et de voir que de jeunes auteurs français osent s’en emparer, pour un résultat plus que respectable. Car à aucun moment le long métrage de Romain Quirot ne faiblit, affichant ambiance énigmatique, univers apocalyptique et effets visuels de qualité.
Porté par Hugo Becker ("Jusqu'ici tout va bien", la série "Baron Noir"...), en personnage de fuyard hanté par ses souvenirs d’enfance, le film met au final surtout en valeur le jeu de Paul Hamy ("L'Ornithologue", "Deux Moi"...), magnétique et rarement aussi ambigu, dont le sourire crispant comme les mimiques sont magnifiés par des gros plans appliqués, et révèle la jeune Lya Oussadit-Lessert ("Mon Bébé"…) dans un rôle plutôt intense. Philippe Katerine en présentateur télé fantasque permet de saisir quelques éléments de contexte supplémentaires, tandis que Jean Reno plante un scientifique de renom, au lien intime avec les deux personnages principaux. Intrigue certes un peu réduite, mais combats efficaces et univers réussi disposant de quelques images marquantes (un parc d’attraction enseveli, des soldats à la limite des robots, un orage incandescent...), "Le Dernier Voyage" n’échappe pas à quelques facilités scénaristiques (le contrôle « routier », la supposée similitude du dessin de la forêt...) mais prouve le droit à l’ambition du cinéma SF français, autant qu’il assume ses incursions musicales éclectiques (Kim Wilde, Eddy Mitchell, Barbara...). Un vrai plaisir d’évasion pour cette rentrée cinéma.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur