LE DERNIER DES JUIFS
Une comédie dramatique sans saveur
Bellisha et sa mère Giselle sont des juifs qui vivent au beau milieu d’une cité où la communauté juive disparaît peu à peu. Pressé par sa mère de faire en sorte de déménager ailleurs, le jeune homme tente par divers moyens d’y remédier avec plus ou moins de conviction…
Premier long métrage de Noé Debré, "Le Dernier des Juifs" nous plonge dans le quotidien de Bellisha, interprété par Michael Zindel, jeune homme d’origine juive tiraillé entre son mode de vie fantasque et le souhait insistant de sa mère (Agnès Jaoui) de quitter leur logement situé dans une cité de Seine Saint-Denis. On pouvait s’attendre de la part de Noé Debré, scénariste expérimenté (une quinzaine de scénarios à son actif dont "Dheepan" de Jacques Audiard et "Le Brio" d’Yvan Attal), à un scénario fouillé et inspirant. Il n’en n’est rien.
Passés les classiques clichés sur les cités, martelés au burin par la mère de Bellisha (je vous fais grâce des dits propos dans cette critique), ce qui occupe la place centrale du film c’est l’étrange quête du jeune homme. Une quête de sens ? Installé dans un semi-confort où il occupe auprès de sa mère à la santé fragile le rôle d’aidant, Bellisha papillonne dès qu’il le peut, notamment en rendant visite à sa voisine mariée pour entretenir une relation passionnelle malheureusement sous exploitée dans ce film.
Car là est le problème principal de ce long métrage : le sujet offre beaucoup de possibilités, mais il semble que Noé Debré n’a choisi d’en privilégier aucune, si ce n’est la relation mère/fils, qui manque d’intensité tellement Bellisha est en décalage avec sa mère, et plus globalement avec le monde qui l’entoure. Tantôt vendeur à domicile auprès de son cousin Asher, tantôt prêt à s’engager à faire son Alyah (voyage initiatique en Israël), ou tantôt élève d’un cours improbable de Krav-maga, notre Pierre Richard Israélite peine à trouver une voie et jongle sans arrêt entre gaîté et déni. Un peu comme le spectateur.
On sait que composer une comédie dramatique de qualité n’est pas chose aisée, cependant ce premier film traduit une vaine tentative de combiner les deux styles avec efficacité. C’est assez frustrant, car côté réalisation le travail est plutôt convaincant, et Michael Zindel et Agnès Jaoui tiennent les rôles principaux avec brio, tout comme les seconds rôles portés par Eva Huault et Solal Bouloudnine. Mais cela ne suffit pas, l’écriture approximative du "Dernier des Juifs" finit par nous laisser sur notre faim, à l’image du protagoniste quand on lui demande à la fin du film où il compte aller et qui répond par un laconique « je ne sais pas ». Nous non plus. Reste une plongée dans une communauté juive pas inintéressante, mais qui aurait mérité d’être plus approfondie.
Raphaël ConversEnvoyer un message au rédacteur