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LE COMTE DE MONTE-CRISTO

Un spectacle plombé par une mise en scène trop appuyée et des acteurs peu inspirés

Edmond Dantès est piégé le jour de son mariage. Victime d’un complot, il va passer quatorze ans en prison jusqu’à réussir à s’en échapper. Avec une seule idée en tête : se venger…

Difficile de ne pas rapprocher cette nouvelle adaptation du "Comte de Monte-Cristo" du récent diptyque des "Trois mousquetaires". Au-delà d’être tous des films issus des romans d’Alexandre Dumas, les scénaristes derrière les métrages sur D’Artagnan et sa bande, Matthieu Delaporte et Alexandre De La Patellière, ne sont autres que les réalisateurs de cette version mise à jour avec Pierre Niney dans le rôle-titre (alors que c’était son meilleur pote François Civil qui tenait le haut de l’affiche précédemment). Et malheureusement pour cette cuvée 2024, la comparaison n’est pas à son avantage, le grand récit d’aventure promis ne trouvant jamais son souffle à l’écran, la faute à des dialogues peu aiguisés, des acteurs semblant ne pas tous jouer dans le même projet et une cadence bien trop nonchalante.

L’histoire, beaucoup la connaissent. Edmond Dantès avait un avenir radieux devant lui, lui qui allait être nommé capitaine dans la marine et s’apprêtait à se marier. Mais le jour de son union, il est arrêté, soupçonné d’entretenir des liens avec les troupes napoléoniennes pour renverser la royauté. Condamné sans procès, il passera quatorze ans isolé en prison avant de réussir à s’enfuir, pour revenir sous les traits du Comte de Monte-Cristo, avec comme seul moteur un désir profond de vengeance. Pour les amoureux du livre, préparez votre petit cœur, car cette énième transposition a forcément dû faire des choix pour faire tenir cette intrigue fleuve en trois heures (ce qui est déjà beaucoup trop). Comme souvent, c’est la partie au château d’If et le contexte politique qui sont le plus coupés, au profit d’une trame narrative se concentrant essentiellement sur le plan machiavélique du personnage principal pour obtenir sa justice.

Si les décors sont somptueux, les choix de mise en scène pour les capturer sont beaucoup plus questionnables avec ces mouvements ostentatoires et cette utilisation abusive du drone. Comme souvent lorsque l’action est trop faible, on va alors avoir tendance à abuser de la bande-son, à base de mélodies épiques. Certes, cela est efficace, mais faut-il encore réserver cet effet à des moments de bravoure. Car à vouloir transformer chaque séquence en une tragédie homérique, le film ne finit que par souligner son propre manque de rythme et d’héroïsme. Tout sonne alors faux, devenant de plus en plus pénible d’accepter les artifices scénaristiques (non, un faux nez et quelques boursouflures ne suffisent pas à nous faire croire que personne ne reconnaît le protagoniste, alors que lui-même est capable d’élaborer des masques bien plus complexes). Si le résultat reste un spectacle sporadiquement divertissant, la fresque historique ne comblera jamais nos attentes et nous donne presque envie de retourner voir la mini-série iconique des années 90 avec Gérard Depardieu. On va peut-être plutôt se replonger dans l’ouvrage originel.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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