LE CHOC DES TITANS
Nom de Zeus : les Dieux veulent se faire Persée !
Si l’on a parlé à nombreuses reprises de ce « Choc des Titans » version 2010 comme d’un remake de celle sortie en 1981 avec Laurence Olivier, oubliez tout de suite la comparaison, cela n’a rien à voir, ce serait comme comparer le métrage de Desmond Davis avec un épisode des « Chevaliers du Zodiaque ». Auteur de « L’incroyable Hulk » (vous savez, le deuxième en fait, celui avec Edward Norton… oui, c’est ça, le meilleur) et de quelques productions Europa Corp (« Dany The Dog » & « Le transporteur 2 »), notre compatriote Louis Leterrier a-t-il réussi son pari de réaliser une grande fresque épique sur les héros et Dieux de la mythologie grecque ? La réponse est mitigée.
Que ce soit sur le fond, comme sur la forme, « Le Choc des Titans » possède beaucoup de lacunes, mais parvient malgré tout à séduire. Scénaristiquement parlant, comme diraient Riggs et Murtaugh « C’est mince, limite anorexique ». En partant d’une « époque imaginaire» des plus riches de l’histoire, la Mythologie grecque, qui reste la base de l’aventure avec un grand « A », le seul « A » que récolte le film serait celui à coller sur la voiture du scénariste pour montrer à tout le monde que c’est un débutant. Persée, est le personnage possédant toutes les caractéristiques du héros accomplissant une quête initiatique : Jeune inexpérimenté, arbre généalogique « de qualité » (même si Zeus a « craché ses éclairs » un peu de partout, ce n’est pas tout le monde qui peut se venter d’être son fils), mentor, princesse à sauver… et le film fait un beau loupé sur cet aspect (Persée apprend à se servir d’une épée dans une scène et devient le meilleur combattant du monde dans la suivante). Il a beau être un demi-Dieu, sa formation est bâclée.
Visuellement, le film de Leterrier met très (trop) longtemps à se démarquer de ce qui a été fait dans le même genre, « Le seigneur des anneaux » en tête. On ne compte plus les plans filmés depuis un hélicoptère, les statues immenses rappelant les Argonaths de Tolkien (et pas de Jason), et autres plans renvoyant immédiatement (et inconsciemment) à la trilogie de Peter Jackson (la scène de la Méduse renvoie à celle de la Moria). L’ensemble est d’un classicisme rigoureux assez dominant, ce qui a ses avantages (très bonne gestion de l’espace malgré des scènes complexes) et permet ainsi au film de ne pas être immédiatement « daté ». La claque visuelle vient au niveau de la photo. Magnifique (elle va faire plaisir à votre lecteur Blu Ray dans 4 mois) elle atteint même des moments assez intenses, plongeant le spectateur au cœur des décors (la traversée du Styx, le désert). C’est l’un des atouts majeurs du film.
Mais alors, ce n’est pas un mauvais film ? Et bien malgré tous ses défauts, il faut avouer que l’on prend quand même son pied ! Ce « Choc », avec ses moments de bravoure, ne se prend pas pour autre chose qu’un film fun et décomplexé, et remplit son objectif premier : nous divertir ! Ce drôle de compromis est hérité tout droit de l’école Besson par laquelle est passée le réalisateur et il ne s’en cache pas. On peut le lui reprocher, mais c’est quand même bien plus « intelligent » et mieux fait que « Pirates des caraïbes » ou n’importe quelle autre production épique estampillée Jerry Bruckheimer.
Supporté par un casting qui oscille entre les « Vieux de l’Olympe » (Liam Neeson et Ralph Fiennes), la magnifique Gemma « Quantum Of Solace » Aterton et Mads « Je suis un Dieu » Mikkelsen, le petit nouveau qui commence à percer (facile, je sais) à peine démaquillé du bleu d’ « Avatar » (quoi, c’était numérique ?), Sam Worthington réussit malgré tout à s’imposer (plus par son charisme que par son jeu) et campe un héros sympathique et terriblement humain, ce qui est finalement tout le sujet du film.
François ReyEnvoyer un message au rédacteur