LE CHEMIN DU BONHEUR
Artificiel
A Bruxelles, Saül est propriétaire d’un restaurant delicatessen, dédié au 7ème art. Son implication dans le scénario d’un ami qui s’inspire de lui, et sa rencontre avec Hannah, une projectionniste, vont l’obliger à se replonger dans les souvenirs douloureux de sa famille juive…
Doté d’une distribution de haute tenue et emmené par le charismatique Simon Abkarian, "Le Chemin du bonheur", en compétition l’an dernier au Festival d’Angoulême, ne parvient pas à convaincre, malgré un sujet intime et délicat : la survie d’un enfant face à la Shoah. Adapté du roman partiellement autobiographique (pour la partie enfance en tous cas) "Le cinéma de Saül Birnbaum" de Henri Roanne-Rosenblatt, critique de cinéma, devenu réalisateur et co-initiateur du programme MEDIA au niveau européen, le film situe son action dans un restaurant tenu par Saül à Bruxelles, quarante ans après avoir été un enfant juif sauvé par sa mère à l’âge de six ans, qui choisit alors de le mettre dans un train allant d’Autriche en Belgique : un Kindertransport.
Après une installation qui intrigue quelque peu, entre homme dormant sur son scénario à une table et quizz cinéma avec pour cadeau un café offert, on se retrouve plongé dans une sorte de pièce de théâtre en quasi huis-clos, où tous les personnages paraissent en représentation, jouant en permanence d’un sur-enthousiasme rapidement agaçant. Malgré les quelques flashs-back (ou scènes de "L’enfant caché", le projet de film) sur l’enfance du protagoniste, montrant l’incompréhension face à l’exclusion ou au geste de la mère, on se désintéresse vite du temps présent, des démonstrations et égos de ceux qui s’impliquent dans le projet de long métrage (le metteur en scène n’est qu’un cliché d’étudiant, le critique qui corrige le scénario a lui aussi sa place sur une estrade, et seul Eric Caravaca s’en sort à peu près en acteur du film dans le film…). Pire, le personnage principal devient franchement irritant dans son obsession des références, accentuant ainsi le contraste flagrant entre le profond ennui du spectateur et l’effervescence joyeuse profondément artificielle des convives de ce triste restaurant, où la tentative de romance entre Simon Abkarian et Pascale Arbillot surnage malgré tout.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur