LATE NIGHT
Une comédie taillée sur mesure pour une Emma Thompson plus impériale que jamais
Katherine Newbury est la présentatrice, d’origine anglaise, depuis plus de 20 ans, d’un talk-show nocturne américain (un late night show). Alors que face à la baisse d’audience sa productrice souhaite la remplacer, elle va tâcher de changer ses habitudes et de secouer son équipe d’auteurs pour retrouver une certaine popularité. Et comme elle vient justement, pour la première fois, d’engager une femme dans cette équipe, la présence de cette dernière va provoquer quelques remous…
Il se dégage de "Late night" un réel goût pour le bon mot, la petite vanne qui fait sourire ou qui surprend. C’est sans doute ce qu’on était en droit d’attendre de minimum de la part d’un film centré sur la survie d’un talk-show, et de la carrière de sa présentatrice. Surtout quand la majorité des scènes se déroule en salle de rédaction, dans les bureaux des auteurs ou sur le plateau de l’émission.
Mais au delà d’une comédie qui a justement l’humour comme sujet central (l’autodérision est sans doute montrée ici comme un remède à tout : l’échec d’un show, une erreur commise dans la vie privée...), c’est au vieillissement du personnage principal, animatrice coincée dans un fonctionnement d’antan, autoritaire et cynique, incapable de lier amitié avec qui que ce soit, douée pour humilier son prochain « avec classe », que s’intéresse le scénario, signé Mindy Kaling (scénariste de la version US de "The Office", auteur de la série médicale "The Mindy Project", mais aussi actrice dans "Ocean’s 8", ou voix dans "Moi, moche et méchant", "Les Mondes de Ralph" et "Vice Versa"), qui joue elle-même la maline indienne embauchée par défaut.
Et la très bonne idée est d’avoir proposé ce rôle à Emma Thompson ("Retour à Howards End", "Beaucoup de bruit pour rien", "Nanny McPhee"), qui s’avère parfaite en vipère pas si insensible, évoquant certes la Meryl Streep du "Diable s’habille en Prada" (qui jouait une autre femme de pouvoir, directrice de rédaction d’un magazine de mode), mais trouvant sa propre justesse de ton, dans une troublante résonance avec son parcours. Touchant à la fois à l’exigence professionnelle, à la complicité dans le couple, au traitement des minorités mais aussi des femmes dans le travail, "Late night" surprend autant qu’il donne à sourire. De quoi convaincre qu’il y a encore des rôles comiques intelligents après la cinquantaine.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur