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THE LAST GIRL – CELLE QUI A TOUS LES DONS

Un film de Colm McCarthy

Un héritage lourd à porter

En Angleterre, après qu'une nuée de zombies a décimé la population, quelques survivants ont trouvé refuge dans une base militaire. Parmi eux, il y a la petite Melanie, une jeune fille pas comme les autres puisqu'elle fait partie d'un petit groupe d'enfants, porteurs sains du virus, que les militaires et quelques médecins retiennent prisonniers pour essayer de trouver un remède à la contamination. Mais un jour la base est attaquée par une horde d'infectés. Melanie parvient à s'enfuir avec son professeur, une biologiste et deux soldats. Ensemble ils vont parcourir une Angleterre dévastée pour mettre à l'abri la dernière enfant immunisée. Celle sur qui repose le destin de l'humanité…

S'il est un film qu'on attendait avec une extrême impatience lors de cette édition 2017 du Festival de Gérardmer, c'est bien The Last Girl – Celle qui a tous les dons, qui portait alors encore son titre anglophone "The Girl with All the Gift". Et si les attentes étaient si grandes, c'est parce que le long métrage de Colm McCarthy est inspiré du jeux-vidéo The Last of Us, succès planétaire produit par le studio américain Naughty Dog en 2013, et récompensé par plus de 230 prix, ce qui en fait le jeux le plus primé de l'Histoire ! Or, de nombreux fans espéraient une adaptation cinématographique du jeu. En effet, ce dernier est sans nul doute l'œuvre vidéo-ludique au sein de laquelle cinéma et jeux-vidéo se mêlent le mieux. A priori nous n'aurons pas de The Last of Us – Le film, mais on pourra se consoler avec The Last Girl, enfin peut-être.

Commençons avec ce qui était l'un des gros points forts du jeu : la psychologie complexe et touchante des personnages. Dans The Last Girl, on ressent un soin tout particulier apporté à cet aspect, notamment via les trois personnages principaux que sont Melanie, Helen Justineau – la professeur interprété par la ravissante Gemma Arterton – et Eddie Parks, sergent mal embouché de l'armée britannique. Tout cela est plutôt réussi, mais la relation père fille qui rendait le tandem Elie/Joel – les personnages du jeu – si poignant a été laissée de côté dans ce scénario. Reste que l'émotion est là et c'est bien l'essentiel. On peut remercier la jeune Sennia Nanua qui est pour beaucoup dans la réussite de cet aspect du film. Une performance qui a d'ailleurs été récompensée par le prix de la meilleure actrice au Festival international du film de Catalogne en 2016.

L'autre gros point fort de The Last of Us est son imagerie. On y découvre avec émerveillement un monde post apocalyptique où la nature reprend ses droits, un peu comme ce que l'on peut voir dans l'excellent "Je suis une légende" de Francis Lawrence. Et on peut dire que McCarthy a su se hisser à ce niveau en nous offrant un long métrage très graphique et bien rythmé. On notera d'ailleurs quelques très bonnes scènes d'action à l'image de l'attaque de la base militaire. Le cadrage et le jeu sur la profondeur de champ donnent à cette scène le côté spectaculaire qui permet de lancer parfaitement la "phase de survie" du film.

En outre, c'est le final qui nous empêchera de mettre au film la note maximale. Un peu alambiquée, la séquence de fin nous laisse un goût amer tant il y avait mieux à faire avec une telle histoire. Le jeu l'a prouvé avec une fin (quasi) parfaite laissant un peu de côté l'invasion pour se recentrer sur la relation entre Joel et Elie. Un choix que n'a pas fait l'équipe de The Last Girl. Mais on pourra aussi parler de la qualité de la musique, qui fut primée au Festival de Gérardmer et qui, effectivement, fait partie des éléments originaux qui permettent au film de se hisser au niveau du jeu sans avoir à le copier.

Certes, juger le film en le comparant au jeu vidéo original a ses limites, car le premier n'est pas officiellement une adaptation du second. Mas on peut aisément parler d'adaptation officieuse tant les deux œuvres sont proches. Dans les deux cas, la cause de l'apocalypse est une invasion de zombies provoquée par une infection fongique. Dans les deux cas il s'agit de protéger une jeune fille immunisée représentant la seule chance de survie de l'humanité, etc. Etc. Mais la dynamique scénaristique diffère tout de même. Et force est de constater que malgré toute les bonnes intentions qu'il semble y avoir derrière, The Last Girl ne saurait atteindre la note maximal tant le jeu qui l'inspire le dépasse à tous les niveaux. Mais ne boudons tout de même pas notre plaisir.

Adrien VerotEnvoyer un message au rédacteur

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