LAST DANCE

"Last Dance" réussit le défi de faire un documentaire passionnant et loin du voyeurisme qui a souvent caractérisé les films ou les documentaires sur le monde drag. Suivant Lady Vinsantos dans sa vie quotidienne, de la scène à ses questionnements personnels, il parvient à donner un corps et une humanité aux drags queens. Outre la qualité de la photographie et des cadrages, le travail de fond est très abouti et ne s’arrête pas à un vernis de surface fait de paillettes et de perruques. Lady Vinsantos explique, interroge, éduque et émeut son spectateur à travers tout son itinéraire.

Le choix de faire cohabiter des images d’archives personnelles avec celles du documentaire ajoute à l’émotion qu’il transmet, tout en insistant sur la linéarité de l’histoire : c’est une personne qui s’est toujours mise en scène, le drag est sa façon d’exister. Son choix d’en finir avec Lady Vincentos, qu’il incarne depuis 15 ans, ne remet donc pas en question son amour pour le drag, mais exprime juste un désir de se réinventer. Son questionnement autour de l’âge et du vieillissement est le sel de ce documentaire, car c’est une question peu abordée sur les écrans en général. Se voir vieillir sur scène a été une angoisse pour de nombreuses stars et on retrouve cette posture dans les yeux de Lady Vinsantos. La scène où elle se moque de ses doubles mentons n’a de comique que le ton qu’elle lui donne, mais on comprend vite qu’avoir 50 ans est l’une des causes de son envie de renouveau. Pour autant, c’est grâce à l’âge qu’elle trouve la force de sortir de sa zone de confort pour organiser ce dernier show à Paris.

Rappelant le rythme effréné de « Paris is Burning » tout en prenant le temps de se concentrer sur l’âme de Lady Vinsantos, ce documentaire a su trouver une touche très juste et personnelle. Il rend hommage au monde du drag tout en rappelant ses racines dans le voguing, avec la notion de famille et d’atelier. En bref, "Last Dance" est une petite pépite à voir et à revoir, que l’on s’intéresse au monde du drag ou non.