LAS PLANTAS

Étrange film sur le passage à l'âge adulte que ce film chilien. "Las Plantas" nous donne à suivre en effet un personnage de jeune fille croulant sous les responsabilités, obligée notamment de s'occuper quotidiennement de son frère handicapé, alors que sa mère est hospitalisée. Et c'est en faisant de cette maison aux couloirs sombres un lieu d'hésitation et de réflexion forcée, de contact obligé avec le corps de ce frère plus âgé et de distance raisonnée avec ceux qui se présentent de l'extérieur, que Roberto Doveris parvient à créer une réelle ambiance.

Le film surprend en effet par le virage qu'il prend progressivement, laissant les fantasmes de son héroïne (Flor) vagabonder et lui permettant des transgressions voyeuristes qui suggèrent progressivement le danger. Car Flor, adolescente, si elle rêve de concours de chorégraphies, fait montre de curiosité, explorant internet comme bandes dessinées (le fameux « Las Plantas »), et sent en elle des changement et la sève monter. Ceci se traduit par des hachures et autres traits parcourant ses membres à l'image, comme dévoilant sa vraie nature. Conjuguant ces effets à un niveau sonore assourdissant et à une ambiance orageuse, le film tente de donner corps aux tourments de cette jeune fille en fleur. Une tentative plutôt réussie, récompensée de multiples prix dans la section Generation du Festival de Berlin 2016.