LARGO WINCH 2
Un régal de cinéma, n'en déplaise aux détracteurs des suites
Largo Winch est propulsé à la tête de l’empire fondé par son père. Mais il désire vendre et se consacrer à l’humanitaire. Curieusement, le jour de la vente, il se retrouve accusé par un mystérieux témoin, de crimes contre l’humanité. Il doit alors retourner explorer son passé en Birmanie pour prouver son innocence…
Les suites sont très souvent fustigées par principe, comme produits mercantiles orchestrés par des producteurs intéressés. On avance, parfois à raison, le fait qu’elles sont de piètre qualité (« Shrek 3 »...). Mais dans le cas d’un « Toy Story 3 », qui a fait un carton mondial et qui recevra sans doute prochainement l’Oscar du meilleur film d'animation, les critiques retombent, comme le souffle coupé, parce que la qualité est là… Et personne ne pense que l’idée d’une suite, qui permet de retrouver des personnages que l’on a aimés, et une intrigue qui tient la route, est quelque chose de franchement antipathique…
Dans la même logique, les films français d’action sont souvent critiqués également par principe, parce que Luc Besson en est l’instigateur, et parce qu’ils sont parfois mauvais ou un peu manichéens… Bref, les raisons ne manquent pas pour détester sans voir, mais c’est autre chose quand il faut apprécier. « Largo Winch 2 », suite et grosse production française, était plutôt donc mal parti, indépendamment du succès du premier. Mais est-ce que le plaisir d’aller au cinéma n’est pas de voir un film dont finalement on sait à peu près ce qu’il va nous apporter ? Et si le film en question répond à nos attentes, voire plus ?
A part un début un peu faible, le film prend assez vite son envol. On retrouve ce personnage touchant, pas imbu ni condescendant, assez simple, qui refusait cet héritage peu avant de décider de faire de l’humanitaire. Ce rebelle qui respecte les hommes d’affaires, en jouant à leurs jeux lorsqu’il faut négocier, mais qui est un peu plus dans son élément quand il vit son histoire d’amour en Birmanie. Largo donc, se retrouve une nouvelle fois pris dans un complot qui le dépasse, avec des méchants pas toujours très bien identifiés, et devant non seulement sauver sa fortune (pourquoi pas), mais aussi sa vie et la femme qu’il aime. Pris dans ce tourbillon qui le bouscule sur trois plans, Largo impulse à l’intrigue un véritable élan.
En effet, « Largo Winch 2 », de manière naturelle et réjouissante, va plus loin que le premier. En témoignent par exemple les scènes d’actions. La course poursuite en voiture enterre plus ou moins ce qui a été fait jusqu’à présent. Cela se confirme dans les scènes de combat à mains nues, notamment lorsque Largo se bat avec des résistants birmans qui lui reprochent d’avoir porté secours à un Occidental. La grammaire cinématographique de Jérôme Salle n’est pas alors révolutionnaire, mais ses plans durent et le combat en devient plus éprouvant. Fait rare, le montage ne donne pas dans l’éternel concours du plan le plus court, serré et illisible au possible. On comprend ce qui se passe, et c’est un vrai miracle. Il en est de même pour la chute en parachute, vertigineuse dans les deux sens du terme.
Pour ne rien gâcher, l’histoire se déroulant en Birmanie et à Hong Kong, les paysages sont somptueux et nous proposent un voyage exquis. Les personnages sont quant à eux travaillés, ce qui est peu fréquent pour les films d’action, et l’acteur qui joue le majordome coincé et qui se retrouve en pleine brousse nous propose des trésors de drôlerie. Il reste aussi à souligner que les scènes intimistes sont tout aussi bien gérées que les scènes d’action. Enfin, si l’on peut reprocher à Jérôme Salle de n’avoir pu s’empêcher de filmer les jambes croisées de Sharon Stone, on lui sait gré, en revanche, de ne pas avoir mis sur la route de Largo une bombe siliconée (façon Hollywood) ou anorexique (façon Besson) dans son lit, juste par principe, mais de lui faire vivre son histoire avec la jolie Birmane, loin des archétypes du genre.
Un régal de cinéma, et dans ces cas-là, on n’est pas loin de réclamer une suite, n’en déplaise à certains.
Ivan ChaslotEnvoyer un message au rédacteur