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L'ANGLE MORT

Captivant

Dominick Brassan gère les stocks et expéditions d’un magasin de guitares. Ayant, depuis l’enfance, le pouvoir de se rendre invisible, il cache ce secret à son entourage, et même à sa fiancée, Viveka. Mais débarque dans son existence un mystérieux Justice Man, qui déboule soudain chez lui…

L'angle mort film image

Les réalisateurs de l'étrange et troublant "L'autre", remarqué à Venise en 2008, avec Dominique Blanc, nous reviennent enfin après dix ans d'absence. Et le résultat est une nouvelle œuvre à part, à la fois surprenante et enthousiasmante, qu'ils ont apparemment eu bien du mal à monter (le début du projet date de 2006). Il faut dire qu’il s’agit d’un film fantastique sans grands moyens ni effets, se déroulant dans un univers ordinaire urbain, qui met en scène un homme pouvant se rendre invisible et considérant ce secret comme honteux.

L’introduction pose le pouvoir en question comme une donnée de base, Dominick, enfant, disparaissant soudainement dans son landau, et provoquant la panique de sa mère. Puis nous voila projetés dans son quotidien d’adulte, témoins de l’usage discret de son don, et de soudaines perturbations engendrées par d'autres personnages, ayant un don similaire, et qui viennent interagir avec lui. Ayant de plus en plus de mal à passer « de l'autre côté », c’est l’identification à d’autres, qui gèrent potentiellement leur don différemment, qui va devenir le cœur de l’intrigue.

Intelligemment, le scénario questionne le rapport de chacun à ses particularités éventuelles et les bénéfices ou inconvénients qu’il en retire, la clandestinité risquant de briser des liens. Mais au-delà, il interroge aussi sur le caractère potentiellement irréversible de la différence, la peur et la capacité à supporter sa disparition, pour finalement devenir comme les autres, mais pas forcément quelconque. Ludique, inquiétant, conservant jusqu'au bout une atmosphère de mystère, trempée de scènes nocturnes où l'homme évolue de plus en plus étranger au monde qui l'entoure, "L'angle mort" est une véritable réussite portée par des interprètes à leur meilleur.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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