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THE LAMB

Paranoïa de petit garçon et honneur de père

Ne pouvant payer un mouton pour la fête de circoncision de son fils, un père va tout tenter pour parvenir à cet objectif, tout en tentant de garder son honneur sauf…

Petit film turc découvert dans la section Panorama du Festival de Berlin 2014, "The Lamb" (le mouton) prend comme point de départ une tradition religieuse ancestrale, qui veut que la circoncision du fils soit fêtée en bonne et due forme, la cérémonie impliquant quelques obligations, comme le fait d'inviter toute la famille et le village, et de sacrifier un mouton. Révélatrice de la situation de la famille en question, l'enjeu est important pour son image aussi bien vis à vis des autres qu'en interne à la famille.

Composant d'intelligents rebondissements autour de l'incapacité du père à payer cette fête, le scénario montre le désarroi d'un homme que même ses enfants ne semblent pas respecter. Et dans ce jeu de représentations sociales, c'est finalement d'honneur de la famille qu'il est question, tout comme de l'influence du qu'en dira-t-on dans les villages de campagne où tout le monde se connaît. Grâce à quelques personnages secondaires truculents, comme l'ignoble belle-mère, le chef du village affairiste ou encore l'artiste prostituée à la poitrine rassurante, le réalisateur nous concocte un conte plutôt moral, sans complaisance pour les personnages masculins.

Mais la jolie idée du film est d'avoir mis face au garçon de 5 ans, Mert, le personnage de sa grande sœur, Vicdan, qui un rien sadique, s'amuse à lui faire peur, lui racontant que si ses parents ne peuvent sacrifier un mouton, ils le sacrifieront lui ! Relayant cette idée, le scénario développe avec délicatesse la paranoïa du gamin, et aligne comportements et phrases qui sèment encore plus le doute dans son esprit (certains l'appellent « mon petit agneau », sa sœur lui dit de « compter les moutons »...). Doux-amer, ce regard contrasté sur un enfant qui ne comprend pas les enjeux qui se nouent autour de lui, confèrent au film un charme indéniable.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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