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Un premier film aussi juste que délicieusement drôle
Pour sa première réalisation, Chantal Lauby s'intéresse à un personnage qui lui ressemble, à ses désillusions, et à la nécessité de croire en la rencontre, en l'amour. Tout tourne donc autour de cette femme de quarante ans, seule, dont le métier d'actrice de théâtre semble devenu routinier, et ne lui apporte que des rencontres superficielles ou intéressées. La scène de rendez-vous au restaurant, avec un jeune homme rencontré en boîte, est assez édifiante concernant les relations basées sur la célébrité, et la déshumanisation de l'acteur.
On sent donc en permanence, sous un discours cynique, poindre les anecdotes, les moments vécus. Chantal Lauby tourne une à une en dérision, chacune de ses peurs, dépeignant un petit groupe attachant, un rien ringard, qui se réfugie dans des repères rassurants, lors des soirées Adamo mensuelles. L'humour décalé façon " Les nuls " n'est pas absent du récit et donne lieu à quelques répliques absurdes d'anthologie, concernant notamment Hallyday. Les fans retrouveront ici les complices de l'actrice, dans des rôles secondaires bien sentis. Chabat joue les metteurs en scène de théâtre dissertant sur le vocabulaire approprié (petite pute ou petite pétasse) d'une scène primordiale, et Farrugia, comme Adamo, joue les dragueurs légèrement lourds. Quant à Bernard Menez et Myriam Boyer, ils donnent toute leur splendeur à un couple de gardiens d'immeubles, aussi indiscrets et médisants que serviables.
Mais le récit s'avère d'un romantisme surprenant, qui culmine lors de la scène de baisers successifs entre Odile et Kader, dans une allée de la fête foraine, où chaque protagoniste veut asseoir sa domination sur l'autre, s'attribuant la paternité ou la maternité du geste. Le principe tient à la fois de la gaminerie et de l'attachement indéniable : Magnifique et touchant.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur