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LA TOILE DE L’ARAIGNÉE

Un film de Andrés Wood

Un thriller d’une impressionnante tension

Suite à un fait divers d’une rare violence, dans laquelle un citoyen a fait justice lui-même, s’en prenant à un voleur, Inès, femme d’affaire reconnaît dans le journal cet homme, qui s’appelait Gerardo. Soudain inquiète, elle appelle un juge de ses amis, afin d’en savoir plus sur la réapparition de cet homme, disparu quelque 40 ans plus tôt, en 1973…

La Toile de l'araignée film

Sortie le 01 novembre sur OCS

Andrès Wood, réalisateur chilien remarqué à la Quinzaine des réalisateurs avec "Mon ami Machuca", histoire de deux enfants de classes sociales différentes dans le Chili de 1973, puis avec le film choral "La Buena Vida" revient avec un thriller implacable, dont les racines remontent au début des années 70, alors que des groupuscules d’extrême droite tentaient de déstabiliser le pays, alors gouverné par Salvador Allende. L’une des deux scènes d’ouverture, lorsqu’un homme poursuit en voiture un voleur, et l’écrase, pris en étau contre un mur, fait froid dans le dos. Elle donne le ton, posant Gerardo comme un danger, mais aussi de par les applaudissements des passants, qui accompagnent son geste, esquissant le raz le bol d’une société en pleine paupérisation et dont les différences de richesse entraînent une violence grandissante.

Construit en allers-retours entre les années 2010 et la période où communistes et militants d’extrême droite se livraient une guerre sans merci, le film nous embarque dans à la fois une histoire de triangle amoureux, et de manipulation intime comme politique. Mercedes Morán ("L’ange", "Neruda") campe avec brio une femme installée tremblant pour ses acquis, et trouve en María Valverde ("3 mètres au-dessus du ciel", "Exodus", "Ce qui nous lie") un double tout aussi amoral. Le double jeu permanent de ce personnage, dans le passé comme le présent, comme le caractère en apparence placide de Gerardo (Marcelo Alonso et Pedro Fontaine) parviennent à maintenir une vraie tension alors que se dévoilent peu à peu, par notamment de subtils parallèles, les dessous de la prise de pouvoir de Pinochet et la profondeur de la corruption actuelle. Un film passionnant dont le venin se diffuse doucement, et qui donne à réfléchir à la précarité actuelle de nombreuses démocraties.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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