LA SAGESSE DE LA PIEUVRE
Une étonnante leçon de vie
Craig Foster, documentariste sud-africain, connaît une crise existentielle. Il cherche un nouveau sens à sa vie en plongeant au milieu des forêts de kelp de son enfance. C’est alors qu’il rencontre une pieuvre et c’est elle qui va l’aider à se reconstruire…
Sortie le 7 septembre 2020 sur Netflix
Voilà un documentaire doublement exceptionnel. D’abord parce qu’il conte une histoire d’amitié hors du commun entre un homme et une pieuvre. Ensuite parce que l’homme en question est un documentariste aguerri et qu’il a eu la bonne idée de filmer tout cela dès le début – s’il y a évidemment des reconstitutions, les scènes sous-marines paraissent bel et bien authentiques pour la plupart, a minima pour les plans montrant la pieuvre en question.
Si "La Sagesse de la pieuvre" s’inscrit dans une longue tradition du documentaire animalier, il s’en écarte par son regard introspectif et poétique à travers la narration que Craig Foster fait de son expérience personnelle et de ses états d’âme. Plutôt qu’une considération purement scientifique et pédagogique, ce film opte donc pour un abord plus lyrique (de ce point de vue, il se rapproche des longs métrages de Luc Jacquet comme "La Marche de l’empereur") mais aussi plus métaphysique. Parler de cette pieuvre conduit ainsi Foster à parler de l’humanité et de notre place dans un tout (une planète, une nature), interrogeant notre rapport au monde et poussant à un mélange d’humilité et de contemplation.
À plusieurs reprises, la pieuvre est aussi comparée à un extra-terrestre. Il est alors aisé de faire un parallèle (a priori surprenant) avec le film de science-fiction "Premier Contact". On prend en effet conscience de l’incroyable potentiel des céphalopodes, qui deviennent, grâce à ces deux films pourtant très différents, des êtres plus fascinants qu’on ne pouvait le croire auparavant.
"La Sagesse de la pieuvre" a donc quelque chose d’époustouflant, tant visuellement qu’émotionnellement, et même spirituellement. Il s’agit d’un documentaire d’une grande sensibilité à voir absolument, même si l’on est habituellement peu friand de films animaliers.
Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur