LA RÉVOLE NATURE

Aline Geller s’intéresse à la mouvance qui s’affirme dans les milieux vignerons, du vin nature, parfois légèrement gazeux, souvent différent en goût, pour lequel des viticulteurs engagés, désireux de sortir d’un système de production intensif, aux multiples ajouts chimiques (jusqu’à 300 produits autorisés, dont le SO2, dioxyde de souffre) sont devenus des fers de lance. Montrant d’abord l’engouement festif concernant ces produits, autour d’un événement annuel à Saumur, organisé dans des caves, puis s’intéressant à des cas individuels, "La revole nature" (du nom de la fête de fin des vendanges) résonne autant comme une « révolte » face à un système, qu’une revanche de petits producteurs amoureux de la terre et du métier, sur l’industrie viticole. Parcourant des régions dont la réputation viticole renaît, elle s’intéresse à la démarche de chacun.

C’est d’ailleurs avant tout en cela que ce documentaire trouve son intérêt, dans la description de la manière dont certains en ont fait un mode de vie contestataire et un rien « intégriste », quand d’autres se questionnent avant tout sur le traitement des sols, ou les techniques de fermentation naturelle (en amphores enterrées dans les champs, au plus près de la production; en cuves de béton, mais sans écraser les grains de raisin...). Si le format télévisuel est nettement perceptible, peu démonstratif en termes scientifiques (ici pas de schémas ou animations explicatives, juste des interviews sur site), et peu riche en plans d’ensemble ou aériens (qu’aurait pourtant mérité l’approche paysagère de la remise en culture de terres délaissées), la démonstration est plutôt efficace. Ceci d'autant que le choix judicieux est fait d'une trajectoire qui interroge au final la démocratisation du produit et sa possible distribution « de masse ».