LA REVANCHE DES CREVETTES PAILLETÉES
Plus politique, plus mouvementée : une suite réussie
L’équipe de water polo gay, « les crevettes pailletées » accueille un nouveau venu en vue des Gay Games de Tokyo, Sélime, jeune homme repéré par leur entraîneur. En route pour le Japon, ils doivent faire escale en Russie, où leur correspondance prendra 24 heures et 32 minutes, les obligeant à prendre un hôtel en toute discrétion, car dans ce pays « l’homophobie est un sport national »…
Le premier volet des aventures des "Crevettes Pailletées", sorti en salles il y a trois ans, après avoir fait le bonheur du public du Festival de l’Alpe d’Huez, avait créé la surprise par son ton léger et décoiffant, rassemblant au final près de 600 000 spectateurs. Pour cette suite du coup très attendue, les deux réalisateurs, également au scénario, évacuant d’emblée la scène de chorégraphie attendue, sur les rythmes du « Oops, I did it again » de Britney Spears, ont pris la liberté d’écrire un véritable film d’aventures, dans lequel l’équipe se retrouve éclatée en plusieurs groupes, chacun ayant ainsi sa trajectoire narrative.
Parvenant ainsi à donner plus d’épaisseur à chacun de leurs personnages, pour beaucoup toujours flamboyants, ils parviennent aussi dans ce second opus à traiter nombre de sujets liés aux discriminations subies par la communauté LGBT ou à leur vécu, qu'il s’agisse du ressenti des personnes transgenres, des thérapies de conversion (le gros du sujet du film), du rapport à une religion souvent détournée, ou encore des agressions homophobes. Si on se réjouit donc de retrouver cette bande de joyeux lurons, tous doivent ici de plus gérer un secret propre à les éloigner du groupe. Mais ils vont devoir ici faire preuve d’encore plus de courage et d’esprit de liberté pour s’en sortir, car au delà de l’ombre du personnage décédé à la fin du premier film (Alban Lenoir, qui fait ici une petite apparition), ce sont d’autres menaces qui planent cette fois-ci sur les personnages.
Tourné en Ukraine, pointant du doigt les écarts de la Russie avec les droits de l’homme, dans le comportement des citoyens, comme de la police ou des autorités (sous prétexte d’interdiction de la « propagande gay sur la voie publique »), le métrage fait mouche et ménage un vrai suspense, au travers d’un scénario au rythme soutenu. Leurs mésaventures, dans un pays que l’on sait dangereux, passent par la convergence de scènes parfaitement maîtrisées, où l’on ignore sur quel sous-groupe le danger va finalement s’abattre. Les clichés sont ainsi détournés dans un esprit d’aventure et de liberté (même James Bond a droit à quelques allusions), et on ressort de cette expérience avec encore plus de tendresse pour l’ensemble des personnages, et surtout un véritable espoir de respect chevillé au corps.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur