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LA RELIGIEUSE

Un film de Guillaume Nicloux

Calvaire en trois actes

En 1765, un jeune marquis découvre les mémoires de Suzanne Simonin, jeune femme que ses parents ont tenté de forcer à rentrer dans les ordres, deux ans et demi plus tôt...

Après la version de Jacques Rivette en 1966, « La Religieuse » est une nouvelle adaptation du roman de Denis Diderot, publié à la fin du XVIIIe siècle. Signé Guillaume Nicloux, plus habitué des films de genre (« Une affaire privée », « Cette femme là », « La clé ») le scénario dépouille en partie l’œuvre de ses penchants anticléricaux pour mieux se concentrer sur la lutte de l’héroïne pour retrouver sa liberté.

Décrivant le calvaire de Suzanne, une jeune femme issue d'une famille noble, envoyée dans un couvent par arrangement de parents soucieux d'assurer avant tout l'avenir de leurs deux autres filles, le film se décline en trois actes, chacun marqué par une mère supérieur au caractère et comportement différent. Ne souhaitant pas prendre le voile, c'est la voix-off de cette sœur de Cendrillon qui nous contera sa propre descente aux enfers, et son refus de renoncer à son libre arbitre, quelles que soient les manipulations dont elle peut être victime.

Construit en un grand flash-back décrivant une spirale infernale, depuis son entrée forcée dans les ordres, jusqu'à la rencontre avec une mère supérieure aux penchants affectueux envahissants (Isabelle Huppert), en passant par des épisode de harcèlement moral voire de torture (au contact de la figure sévère de Louise Bourgoin, rigide à souhait), « La religieuse » finit par faire froid dans le dos. Car il s'agit avant tout d'une fine description de la manière dont les conventions sociales, l'obéissance aveugle et finalement tout un système peuvent vous étouffer, vous broyer.

Le personnage, interprété avec conviction par Pauline Étienne, devra trouver la force morale de résister à tous les arguments qui lui sont présentés. La raison, la force et l'amour sont alors trois prétextes pour que vous n'existiez plus. Un film éprouvant avec un casting d'actrices remarquables, qui livre au final une peinture terrifiante du clergé, dépeignant avant tout des êtres humains, dans toute leur vilenie, leur manque de contact, leur besoin de l'autre. Jusqu'à souhaiter adhésion, soumission, voire fusion. C'est peut-être là au fond l'expression d'une forme d'amour, qui laisse cependant bien peu de place à la liberté.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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