LA PETITE VADROUILLE
La comédie estivale qui fait du bien !
Alors que son patron, content du dernier séminaire de cadres qu’elle a mis en place, lui confie l’organisation d’un week-end privé avec une mystérieuse jeune femme, Justine décide avec son mari Albin, de prendre une marge plus que conséquente sur les 14 000 euros de budget qu’il lui a alloué. Mais en conviant dans la combine toute sa bande d’amis, qui se doivent les uns les autres de l’argent, c’est aussi l’objectif de lui soutirer encore plus d’argent qui prend le dessus. Tous vont jouer un ou plusieurs rôles durant ce week-end champêtre, à bord d’une péniche, en essayant de ne pas se faire démasquer…
Moins politique qu'avec "Les 2 Alfred", Bruno Podalydès nous revient avec une comédie vivifiante, qui suit un groupe d’amis montant une arnaque aussi amateur en apparence que finalement bien rodée. Il faut dire que ceux-ci font preuve d’une inventivité féroce lorsqu’il s’agit de réclamer de l’argent en plus au patron en apparence imbu de lui-même qu’interprète un Daniel Auteuil visiblement ravi de rejoindre la famille d’acteurs de l’auteur. Le moindre passage d’écluse (toutes manœuvrées par Jean-Noël Brouté, la moindre spécialité locale (artistique ou culinaire) vendue par Isabelle Candellier, est ainsi mise à profit au cours d’un voyage qui invite à la flânerie.
Il faut dire que chacun des compères de la bande est introduit lui aussi avec de ces détails saugrenus dont Bruno Podalydès a le secret. Du restaurant où tout est chanté (une idée qui dans la vraie vie serait sans doute juste insupportable...), à la psy par internet capable d’endormir à distance les insomniaques, en passant par le gardien de musée stressé qui expose ses propres tableaux ou un voleur de pédalos qui se voit confié le pilotage d'une péniche, la barre de la fantaisie est finalement placée très haut dès le départ. Et le reste du film ne décevra jamais, introduisant un moussaillon tout droit sorti d’une bande dessinée (son prénom Ifus = il fuse) et une belle surprise qui vient compliquer le plan de la bande.
Sur des versions récurrentes et diverses de "Santiano" de Hugues Aufray (qu'on retrouve même à la flûte de pan dans un supermarché...), ou une symbolique chanson d’Alain Barrière, l’intrigue se déroule sans encombre, se transformant au final en un bienveillant élan de transmission, les plus âgés cherchant à vibrer encore sans être dupes, alors que les jeunes s’élancent vers de nouveaux horizons et un amour possible, malgré les difficultés du monde. Aucune hésitation à avoir : précipitez vous dans les salles pour découvrir cette comédie estivale à la générosité san égal, que ce soit pour le duo Denis Podalydès / Sandrine Kiberlain en mari et femme, le véritable festival Isabelle Candelier (un vrai régal) auquel on a droit, ou l’inventivité globale de l’ensemble. Vous en ressortirez non seulement le sourire aux lèvres, mais aussi fortement ému.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur