LA PETITE TAUPE AIME LA NATURE
Des courts métrages toujours d’actualité
La petite taupe n’arrive pas à se débarrasser d’un chewing-gum particulièrement collant, elle aime à narguer un jardinier avec des mottes multiples… Elle voit l’arrivée d’hommes venus construire une ville à la place de la forêt, comme un menace…
En trois courts métrages, datés respectivement de 1969, 1970 et 1982, de durées inégales ("La Petite Taupe et le Chewing-Gum" fait 8 minutes, "La Petite Taupe et la télévision" 6 minutes et "La Petite Taupe en ville" 29 minutes), l’animateur tchèque Zdeněk Miler parvient à traiter de plusieurs sujets qui restent fortement d’actualité : la pollution, la domestication de la nature, l’utilisation des pesticides, et l’étalement urbain jumelé à l’artificialisation des sols. Sans paroles, avec juste quelques borborygmes, ce petit personnage et ses amis (une souris, des oiseaux, un hérisson, un lièvre…) parviennent avec humour à transmettre tout le désarroi d’espèces communes, dont les habitats sont aujourd’hui plus que jamais menacés.
Les plus petits se régaleront des cabrioles du personnage principal, tentant de décoller un chewing-gum laissé en forêt par des pique-niqueurs indélicats. Les voix se limitent à des grognements, mais les mouvements sont accompagnés par la musique, à l’image du chant des oiseaux, par des flûtes. La représentation graphique du second film (au-delà des décors, les taupinières, les plantations de fleurs...) frappera les adultes par ses aspects géométriques, rendant le dessin extrêmement moderne, tandis que le sujet s’avérera une formidable occasion de sensibiliser les plus petits aux dégâts des pesticides, la mort des animaux étant suggérée de manière onirique ou espiègle.
Enfin, le segment le plus intéressant prendra son temps pour développer les différentes étapes de construction d’une ville, depuis les terrassements jusqu’aux questions administratives de propriété, soulignant au passage le peu de cas fait du droit environnemental. Perchés sur une souche qui leur sert de réserve, le trio taupe-hérisson-lièvre devra se frayer un chemin dans un univers de béton, avant de redécouvrir que sous les pavés... il y a toujours de la terre. L’occasion aussi pour l’auteur d’aborder la préfabrication, le travail à la chaîne, les embouteillages, le consumérisme à outrance, et d’autres plaies du monde moderne. Autant de sujets détournés avec malice par ses petits personnages, pour un film éducatif qui, après 38 ans, s’avère toujours d’actualité.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur