LA PARTITION

Un film de Matthias Glasner

Une famille aux relations complexes

La famille Lunies a bien du mal à maintenir des liens. Du côté des parents, Gerd est atteint d’Alzheimer, alors de Lissy multiplie les maladies et devient peu à peu aveugle. Tom, le fils, chef d’orchestre à Berlin, travaille avec un ami auteur dépressif sur une symphonie intitulée « Mourir » (« Dying ») et aide son ex-femme, Liv, à accoucher d’un enfant qui n’est pas le sien. Ellen, la fille, dentiste, a une liaison avec un homme marié qui a deux enfants, et a une fort penchant pour l’alcool. Mais le fait d’être confrontés à la mort va peut-être les obliger à laisser le non-dits de côté…

Avec "La Partition", Matthias Glasner a reçu le Prix du meilleur scénario au dernier Festival de Berlin. Il faut dire que c'est bien là, avec également son casting emmené par l'un des acteurs allemands les plus populaires du moment, Lars Eidinger ("Petite soeur", "Personal Shopper", "L'Origine de la violence"...), l'atout principal de cette fresque familiale, centrée comme le titre original l'indique, sur la mort. Point de perspectives réjouissantes donc dans ce long métrage fleuve de 3 heures, chapitré en 4 parties, les trois premières portant les prénoms des personnages ("Lissy Lunies", la mère, "Tom Lunies", le fils, "Ellen Lunies", la sœur), le dernier s'intitulant "The Thin Line", cette petite ligne qui nous relie parfois à la vie, à moins qu'il ne s'agisse de celle, fragile, qui permet de maintenir le contact avec les autres.

Mélo relativement appuyé, "La Partition" dérange autant qu'il fait ponctuellement rire jaune, par ses touches d'humour (la conduite hasardeuse de la mère, l'intervention buccale de la fille bourrée...), qui tentent d'alléger ponctuellement cette histoire où nombre de personnages courent à leur perte, du fait de maladie (cancer, reins...), de dépression, ou d'alcoolisme. Incapables d'échanger sur le présent, de communiquer autre chose que de l'indifférence ou une animosité passée, les personnages s'avèrent certes complexes, mais peinent du coup à empoter l'empathie ou à émouvoir. Chacun d’eux reste en effet centré sur son propre sort ou son propre objectif, jusqu'à en être parfois parfaitement odieux (voir l'altercation de l'auteur dépressif avec u viloncelliste...). Si comme le dit celui-ci, « Tout le monde n'a pas le talent d'être heureux », les rouages de l'ensemble, qui visent à faire de Tom le seul personnage à s'interroger vraiment et à disposer d'une perspective d'avenir, pourront cependant réellement en agacer certains.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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