LA PAGE BLANCHE
Une fantaisie en manque d’équilibre
Une jeune fille se réveille sur un banc, amnésique. Elle découvre un petit sac à dos à ses côtés dans lequel il y a un pull rayé rouge et noir et une pièce d’identité avec sa photo et son nom : Eloïse. Elle va alors tenter de recoller les morceaux de sa vie et de se souvenir de qui elle est…
Adapté de la bande dessinée éponyme signée Boulet et Pénélope Bagieu, "La page blanche" affiche d’entrée une certaine fantaisie, dans la manière dont son personnage principal ne se laisse pas désarçonner par son amnésie, prenant les choses avec calme et presque désinvolture, tout en menant une enquête sur les différentes composantes de sa vie. Où habite elle ? Quel est son travail ? Avec quels collègues est-elle complice ou en froid ? Incapable de retrouver son portable et persuadée qu’on lui l’a volé, elle va se retrouver dans un premier temps bien seule et perdue au milieu de nombreuses influences.
Dans ce film, il y a à la fois des choses qui fonctionnent formidablement bien grâce, principalement, à l’interprétation plutôt fine de Sara Giraudeau. L’actrice à la voix fluette si reconnaissable fait justement évoluer celle-ci au fil du récit alors que se stabilise les éléments autour d’elle. La jolie idée de la possibilité de prise de décision visant à devenir éventuellement quelqu’un d’autre, ou plutôt quelqu’un de mieux, fait globalement mouche. Et le contact avec sa collègue de travail interprétée formidablement par Sarah Suco n’y sera pas pour rien, la comédienne, vue notamment dans "Le Discours" et "Les invisibles", dessinant les contours d’un être sensible un peu à l’écart, qui séduit réellement.
Mais tout ne fonctionne pas, et certains gags ou élément supposés fantasques font réellement flop (la roue du karma, les moments imaginés, sur fond de décors dessinés pourtant sympathiques...). Le film tient donc essentiellement grâce à ses interprètes y compris ses rôles secondaires tels Grégoire Ludig du Palma show, vu dans "Mandibules" de Quentin Dupieu dont la palette d’acteur prend de l’ampleur avec notamment "Les Cadors", également présenté à Angoulême. Son rôle de séducteur, sorte de gentil salaud, fonctionne à merveille. On ne pourra pas en dire de même pour le personnage interprété par Pierre Deladonchamps, dont les contours forcés dans l’originalité irritent dès sa première apparition, et auquel l’acteur apporte clairement la pire composition de sa pourtant très belle carrière. À lui seul ce personnage parvient à faire échouer la conclusion, à laquelle on avait pourtant envie de croire.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur