LA NUIT SE TRAÎNE

Un film de Michiel Blanchart

Nuit noire sur Bruxelles

Mady, un jeune serrurier, est appelé pour aider une femme bloquée sur le palier. Mais celle-ci lui a tendu un piège, et le garçon se retrouve plongé dans un engrenage où il va devoir désormais retrouver ce qui a été volé dans cet appartement. Sinon, il se pourrait bien que cette intervention soit sa dernière…

« Au mauvais endroit au mauvais moment ». Rarement ce dicton aura aussi bien illustré un métrage. Mady est un jeune garçon, étudiant le jour et serrurier la nuit, qui a toujours fui les embrouilles, préférant écouter du Petula Clark et déguster des spécialités indiennes. Un soir, il est appelé par une femme prétendant avoir perdu les clés de son appartement, dans lequel se trouve un sac dont elle a terriblement besoin à cette heure tardive. Fin du suspense : ni le logement ni le bagage ne lui appartenaient. Pour notre apprenti artisan, c’est le début d’un terrible engrenage, un plongeon immédiat dans le milieu du grand banditisme belge, sans avoir le temps de se mouiller la nuque. Les règles du jeu sont explicites : soit il retrouve cette mystérieuse Claire, soit il meurt.

Fan de cinéma étatsunien, Michiel Blanchart tente le pari pour sa première réalisation de transposer le genre ultra-codifié du thriller à l’américaine dans la nuit bruxelloise. Citant ouvertement Martin Scorsese, singeant le plan séquence iconique des "Fils de L’Homme" d’Alfonso Cuarón, et recherchant l’efficacité d’un Michael Bay dépourvu d’explosions, le film ne réussit pas tout, mais il a au moins le mérite d’essayer, débordant d’une générosité cinéphile difficilement reprochable. Si les instants inauguraux étaient particulièrement convaincants, la suite sera moins remarquable, la faute à des personnages caricaturaux et des étapes convenues (le club de strip-tease, vraiment ?).

Plus concentré à bien positionner sa caméra pour nous faire vivre au plus près l’action, le réalisateur et scénariste en oublie sa dramaturgie, se contentant d’une balade déjà-vue au cœur des bas-fonds de la capitale. Certes, cette virée dans une Flandre interlope sera vrombissante et rythmée, mais on aurait aimé que ce thriller prenne des chemins plus détournés que l’autoroute toute tracée, à l’image de ce contexte Black Lives Matter à peine effleuré et dont le potentiel narratif était pourtant riche. Pas complètement maîtrisé, "La Nuit se traîne" n’a cependant pas à rougir face à toutes ces productions américaines qui se rêvent à prendre la relève d’"After Hours". Et en cela, pour un premier film, c’est déjà un beau succès.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

BANDE ANNONCE

Laisser un commentaire