LA NOUVELLE FEMME
La dépendance de la Femme
En 1900, Lili d’Alengy, chanteuse de revue, courtisée à Paris par de nombreux hommes, voit sa fille Tina lui être ramenée. Celle-ci souffrant de handicap mental, Lili décide de partir discrètement pour Rome, espérant payer une institution pour la garder, afin qu’elle puisse reprendre sa vie. Mais Maria Montessori, la femme médecin qui l’accueille, compte bien intégrer cette mère dans le dispositif, afin de tester sa méthode d’apprentissage pour enfants dits « déficients »…
Le film s’ouvre avec une femme italienne, vêtue de noir, laissant un bébé dans une ferme, sa voix-off, en forme de promesse, nous indiquant alors qu’elle « fera tout pour lui ». Cette ferme et cet enfant deviendront un élément récurrent du film, entre la considération de déshonneur pour la famille du Docteur avec lequel elle entretient en secret une relation, si cet enfant né hors mariage venait à être connu, et l’évolution de l’enfant, qui ne la voyant que rarement, finit par ne pas la reconnaître. Un sujet qui sert ici de toile de fond, permettant d’explorer la situation de la femme célibataire au début d’un XXe siècle.
Entre d’un côté une femme dépendant du regard des hommes pour vivre, et de l’autre une femme au travail non forcément rémunéré, dépendant du bon vouloir d’un homme pour s’occuper de son enfant, une amitié va naître ainsi qu’un combat. La première est interprétée par Leïla Bekhti, entre gêne face à une fille « déficiente » avec laquelle elle pense ne pouvoir avoir de connexion, rêvent d’aisance, et conscience du pouvoir lié à sa séduction. La seconde est incarnée par Jasmine Trinca, qui a reçu pour ce rôle le Prix d’interprétation féminine au Festival de Sarlat, entre volonté de prouver sa valeur professionnelle avec sa méthode d’éducation, et souffrance face à l’attitude des hommes (les médecins qui considèrent ses patients comme des « idiots » ou « dégénérés », son Docteur de compagnon, dans l’ombre duquel elle est vouée à rester…).
Avec une certaine douceur, Léa Todorov, qui est aussi au scénario, évoque les méthodes d’apprentissage (notamment l’effet de la musique...) et la possibilité d’une évolution comme d’une connexion avec les jeunes patients. Se doublant d’un discours féministe, soulignant l’aspect du mariage qui devient « acte de propriété », montrant le mépris pour la femme dans le monde du travail, sa dépendance financière de l’Homme, "La Nouvelle Femme" pose l’entraide entre femmes et la persévérance comme pierres d’angles d’une possible évolution, livrant une conclusion douce-amère des plus réalistes.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur