LA MONTAGNE
La montagne, ça vous gagne
Pierre doit se rendre dans les Alpes dans le cadre de son travail. Là-bas, il commence à ressentir quelque chose de particulier pour la montagne. Au point de ne plus vouloir repartir…
Sept ans se sont écoulés depuis le remarqué "Vincent n’a pas d’écailles" qui avait permis à son réalisateur, Thomas Salvador, d’être couvert d’éloges critiques. L’attente aura été longue pour son retour sur grand écran, où il poursuit sa quête d’un cinéma onirique et ambitieux. Naturellement, après tant d’années, l’exposition du film est balayée en quelques minutes, presque de manière anodine. Pierre est en pleine présentation d’un powerpoint qui ne semble pas exciter grand monde dans l’auditoire. Lui non plus d’ailleurs, probablement las de toujours répéter les mêmes slides. Mais du coin de l’œil, à travers la fenêtre, il découvre le paysage des Alpes, la majestuosité de ses montagnes. Le regard est trop appuyé pour être anodin…
Lorsque ses collègues repartent, il décide de rester. L’appel du Grand froid est trop fort. Il achète le matériel d’ascension et la tente, et se lance dans une randonnée. Enfin peut-être plus qu’une simple expédition. Car de ce sommet, il n’a pas prévu d’en redescendre. Fable écologique qui convie la poésie et le fantastique, le métrage est avant tout le récit d’un homme qui ose figer son temps, faire pause dans ce monde dominé par la nécessaire course au profit. Ce drame enneigé est alors tout sauf une fuite en avant, mais la chronique d’un voyage à la verticale, bien plus intime que pourrait le laisser suggérer l’immensité des paysages.
Sans en dévoiler trop sur les péripéties du protagoniste, dont la surprise joue beaucoup sur le charme de l’ensemble, "La Montagne" est une métaphore audacieuse de la communion entre l’Homme et la nature, à une époque où nos actes semblent plus belliqueux qu’amicaux envers elle. Si l’exercice de style n’est pas pleinement réussi, la faute notamment à une confusion entre la sobriété narrative et le manque de rythme, cet ovni cinématographique a le mérite d’oser et de croire pleinement en son propos, quitte à abandonner quelques spectateurs sur le chemin. Prendre le risque de s’y aventurer ne peut pas être une mauvaise décision !
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur