LA MALDICIÓN DEL GUAPO
Un film d’arnaque redoutablement séduisant
Jorge, vendeur dans une bijouterie de Madrid, se décide enfin à reparler à son père, Humberto. Mais il a un but : qu’il lui prête 9000 euros pour qu’il puisse rembourser à sa patronne le vol d’une parie de boucles d’oreille en perles noires, afin de ne pas se faire virer. Mais Humberto demande en échange de pouvoir le connaître. Jorge accepte alors de l’héberger pendant une semaine…
Sous ses airs premiers de comédie familiales, "La maldición del Guapo" cache un thriller élégant, film d’arnaque(s) à l’intrigue maîtrisant parfaitement ses rebondissements et aux citations qui ne sont qu’en apparence superficielles. Car tout n’est ici que jeux d’apparences, quels que soient les personnages, du fils distant au père, ancien voleur envahissant, mais qui voudrait bien remettre le couvert, en passant par le retraité des services secrets, toujours prêt à se renseigner, la patronne de la bijouterie attirée par ce qui brille, sa fille ayant un penchant pour les hommes mûrs, le mari particulièrement méfiant, ou leur chienne de garde (Malena Alterio, vue dans "Bajo el mismo techo", fabuleuse d’agressivité).
Tout ce petit monde gravité autour d’un pactole disparu, de rubis vendus sous le tapis et de faux billets, quand leur intérêt ne va pas plutôt à la gente opposée, histoire de se placer, de donner ou prendre du plaisir. Explicité dans une scène du début du film, le titre (en gros, « La malédiction du beau gosse », qu’on prend toujours pour un idiot) semble parfaitement choisi et entre en résonance avec toutes les expressions, dictons, proverbes qui jalonnent des dialogues intelligents dans leur rapport autant à la conception de la vie, qu’aux relations humaines. Quand à Gonzalo de Castro ("Para que sirve un oso ?", les séries "Doctor Mateo" et "7 Vidas"), il est tout simplement convaincant en pièce maîtresse de ce beau dispositif.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur