LA MAISON DES ÉGARÉES
Quand le fond surpasse la forme
Dans le Japon de l’après tsunami de Fukushima, une adolescente et une petite fille mutique isolées trouvent refuge dans l’étrange maison magique d’une vieille dame. Bientôt, des yokais (esprits japonais) viennent leur rendre visite…
Il ne faut pas toujours se fier à ses premières impressions. Voici une phrase à garder précieusement dans un coin de votre tête si vous décider d’aller voir "La maison des égarées", ce film aussi beau dans son fond qu’étrange dans sa forme, et surtout déstabilisant dans ce qu’il nous apprend d’une culture bien loin de la nôtre.
Dans une période suivant le tsunami dévastateur de Fukushima, une adolescente seule et sans ressource croise la route d’une petite fille que la perte de ses parents durant la catastrophe a rendu mutique. Résignées au désespoir, les deux jeunes filles vont croiser la route d’une vieille dame qui les accueillera dans une maison magique. Issue du folklore japonais, cette maison a la propriété d’apporter nourriture et confort à qui l’habite. Ce havre de paix, idéal à la reconstruction mentale des deux jeunes filles, devient également le théâtre d’une lutte entre le bien et le mal, yokais (esprits japonais aux apparences et intentions multiples) se pressant bientôt dans la maison pour parlementer avec la vieille dame et organiser la guerre qui s’annonce. Le tsunami n’était qu’une première démonstration de force, d’autres devraient bientôt suivre…
Si de premier abord ce film à l’animation très statique et légèrement déconnecté de la poésie des films d’animation japonais dont nous avons l’habitude, semble suinter d’un ennui profond auquel se mêle une sorte de mièvrerie mélancolique ; il parvient pourtant à toucher en plein cœur par son histoire, celle d’une famille qui se recompose en se choisissant, celle d’une solidarité retrouvée après une catastrophe terrible et, celle d’une lutte féminine. C’est aussi pour le public étranger, l’occasion d’une découverte culturelle sous les traits des Yokais, dont l’étrangeté fascinante en font de superbes personnages de fiction.
"La maison des égarées" est donc un film à ne pas juger trop vite, un film qui prend le temps de vous surprendre et de vous séduire, et un film enfin, dont la forme peu gracieuse est contrebalancée par une histoire aux multiples niveaux de lectures.
Amande DionneEnvoyer un message au rédacteur