LA LISTA DE LOS DESEOS
Une comédie dramatique andalouse bourrée de charme
Eva, vétérinaire, découvre qu’elle est atteinte d’un cancer du sein. Épaulée par son amie Mar, fraîchement séparée, et par Carmen, une autre patiente qui en est à sa troisième chimio, elle tâche de tenir le coup. Après que Carmen lui ait proposé de faire la liste de trois choses à faire absolument avant de mourir, elle décide de louer un camping car et de partir de Séville en direction du désert marocain. Un voyage qu’elles réaliseront ensemble, toutes les trois…
Il y a parfois des petits films lumineux qui marquent votre existence. Sorti en plein été 2020 en Espagne, alors marquée par la pandémie Covid, "La lista de los deseos" fait partie de ceux-ci. D’abord parce que le film charrie des thèmes importants, comme le courage et la dignité face à la maladie ou la quête du père, ensuite parce qu’il offre un grand bol d’air frais, à la fois par le dépaysement proposé, alliant plages de la province Cadiz, en Andalousie, désert marocain et ville de Séville, et par l’humour positif qui s’en dégage. Sur un thème finalement assez proche du très beau drame, "Ma Vie sans Moi" de sa compatriote Isabel Coixet, dans lequel Sarah Polley tentait de concrétiser 10 souhaits avant de mourir, Álvaro Díaz Lorenzo choisit la comédie, pour un film résolument tourné vers la vie, et l’amour.
Débutant par une scène située en cellule, dans laquelle les trois femmes se moquent de leur geôlier, le long métrage se construit en un long flash-back, revenant rapidement 9 mois plus tôt. Et c’est avec légèreté que sont alors introduits les trois personnages féminins : Eva, qui travaille a la SPA et a deux chiens (De Niro et Pacino), son amie Mar, qui voudrait avoir un enfant et vient de jeter son mec, et Carmen, qui lutte depuis 25 ans contre un cancer. Carmen avait fait elle-même une liste de trois choses à faire absolument, mais n’a pas encore réalisé la troisième (changer la vie de quelqu’un). Eva, elle, choisira d’apprendre le surf, dormir dans le désert et s’incruster à un mariage. Autant d’occasions d’introduire à la fois moments de comédie et d’émotion, ceci dans un équilibre toujours savamment dosé.
Dans le rôle principal, on retrouve avec un immense plaisir María León, découverte dans le "La Voz Dormida" il y a une dizaine d'années et vue depuis dans "Carmina !" et "Los Japon", qui joue de son accent andalou à merveille, composant un personnage attachant et sensible. Silvia Alonso ("Señor, dame paciencia", "Hasta que la boda nos separe") incarne son amie Mar, personnage un peu déphasé, en prise avec des obsessions parfois étranges, notamment une pour les hommes danois. Enfin, Victoria Abril, égérie d'Almodovar du milieu des années 80 au milieu des années 90 ("La Loi du Désir", "Attache-moi !", "Talons Aiguilles", "Kika"), fait un retour remarqué, dans le rôle de la plus sage du groupe, en apparences tout au moins. A elles trois elles réussissent à nous donner une pêche d’enfer, illuminant cette comédie dramatique de leur fantaisie.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur