LA HOJARASCA

Les réunions de famille à l’occasion d’un décès, et donc parfois d’un héritage, sont souvent des moments à la fois difficiles et joyeux. Car derrière le deuil et les tâches administratives, il y a surtout les retrouvailles, de gens qui ont pris des directions différentes, et que les modes de vies éloignent naturellement. Mais les lieux d’enfance ont le pouvoir de réconcilier, de ramener quelques souvenirs heureux, et surtout de ranimer le lien entre « anciens » proches. Tout cela, Macu Machín l’évoque dans son film et l’approche de manière délicate, entre documentaire et moments rejoués, laissant transparaître les contraintes, les envies laissées de côté, de ces trois touchantes sœurs, désireuses surtout de ne pas se fâcher.

On découvre donc par petites touches, Carmen, Elsa et Maura, Carmen étant restée sur place, comme agricultrice vieillissante, et Maura étant aujourd’hui à la limite de la dépendance (elle a du mal à se lever, se déplacer…), Elsa jouant le rôle d’aidante et touchant par là-même sa pension. Derrière l’exploration tranquille des lieux (des terrains en friche…), les retrouvailles avec des rituels familiers (la cueillette des amandes…), le conflit et la fatigue guettent, autour de cette liste de biens (terrains et bâtisses) à se partager, le sommeil devenant compliqué pour Carmen, les discussions les plus réalistes en aparté étant discrètement écoutées par Maura. Intelligemment, Macu Machín fait entrer en scène un élément symbolique de la scission possible de cette sororité, le volcan qui s’éveille, tout en contrecarrant avec optimisme celui-ci par quelques jolies scènes de complicité (un four rire partagé, une danse improvisée sur une vieille chanson…). Un documentaire touchant sur la force du lien familial.