LA GUERRE DES LULUS
La Grande guerre comme on ne l’avait jamais vu
Nouvellement arrivé à l’orphelinat de l’abbaye de Valencourt, Ludwig se retrouve dans la chambre des 3 souffres douleurs : Lucas, Luigi et Lucien. Se nouant très vite d’amitié avec eux, ils trouvent tous les quatre une nouvelle famille dans ce « groupe des Lulus ». Après le départ de l’instituteur de l’orphelinat pour le front, l’ambiance est à l’euphorie et leur petit groupe s’échappe pour quelques heures de cette prison. À leur retour, l’abbaye a été détruite par les bombes allemandes : l’été 1914 vient juste de sonner le glas de leur insouciance par le début de plusieurs années de guerre. Livrés à eux-mêmes dans la campagne picarde, le clan des Lulus se lance alors dans un périple incertain, allant de ruines de village en rencontres extraordinaires…
Adaptation réussie des trois premiers tomes d’une série de bande-dessinée de Régis Hautière et Hardoc (ed. Casterman), "La guerre des lulus" est un projet ambitieux qui dévoile une autre histoire de la Première Guerre mondiale : celle de l’occupation du Nord-Est de la France. Thème souvent traité sous l’angle de la Seconde Guerre mondiale, l’occupation du Nord de la France en 1914-18 a souvent été mise de côté, laissant seuls les territoires du Nord meurtris par cette histoire. Cet hommage, au travers des aventures de 4, puis 5, enfants, donne un goût particulier au film. À la fois historique, romantique, dramatique et d’aventure, "La guerre des lulus" unit tous les genres et tous les publics autour de l’épopée de ces enfants qui interrogent la guerre et la combattent à leur façon. Grâce à ses différents niveaux de lecture, ce film est ainsi capable de satisfaire petits et grands, sans cacher ni aux uns, ni aux autres ce qu’était vraiment la guerre.
S’il est difficile de ne pas voir de lien entre "La guerre des lulus" et "La guerre des boutons" que Yann Samuell a réalisé 11 ans plus tôt, le propos est d’autant plus percutant que l’on sort d’une guerre entre enfants pour aller vers une autonomisation des enfants face aux adultes. Leurs rencontres ponctuelles avec différents protagonistes (une sorcière, un sabotier ambulant, un tirailleur sénégalais, un déserteur allemand) brossent une palette historique de tous les récits qui se sont entrechoqués lors de cette guerre. Le personnage de l’instituteur notamment est intéressant par la transformation que lui fait subir la guerre. Rappelant le thème du film "Frantz" de François Ozon, il montre qu’en temps de conflit, l’instinct animal de chaque être est contraint de ressortir sous peine d’être tué.
Le travail sur la photographie, avec une gamme de couleurs oscillant du bleu à l’or, parle de lui-même sur cette histoire. La qualité incontestable de ce film, tant dans l’image, le jeu, que le scénario, fait de lui un film à ne pas louper à sa sortie au cinéma en janvier prochain.
Adam GrassotEnvoyer un message au rédacteur