LA GRANDE AVENTURE D'UN CHIEN EN OR
Une grande pagaille mythologique !
Au Mexique, un entrepreneur pernicieux envisage de détruire une montagne pour exploiter ses richesses minérales à l’aide de la fracturation hydraulique. Dans le village voisin, une vieille dame tente de mobiliser à la fois la population et les forces magiques de la montagne pour combattre ce danger. Involontairement, elle va impliquer sa petite-fille Copi et son chien Xico…
Sortie le 12 février 2021 sur Netflix
Ce long métrage d’animation mexicain vient rejoindre les nombreuses productions pour la jeunesse qui insèrent dans leur scénario des enjeux d’adultes avec une certaine gaucherie. C’est donc avec de gros sabots que le récit présente dès le départ un méchant caricatural : un homme d’affaires aux dents longues, dépourvu de toute compassion, qui ne cache jamais ses intentions machiavéliques ni son mépris pour les « péquenots » qu’il entend berner en détruisant le territoire (cela rappelle vaguement le joli mais inégal "Mia et le Migou"). C’est donc avec effarement que l’on voit les villageois adhérer à son projet, aveuglés par l’appât du gain de façon franchement ridicule – ce qui rend encore plus improbable leur brusque retournement de veste à la fin du film !
Manquant cruellement de subtilité, "La Grande Aventure d’un chien en or" est donc trop explicite et lourdingue dans certains discours écrits à la truelle. Par ailleurs, il ne prend pas assez le temps de construire ses personnages et d’expliquer certains enjeux, ce qui rend l’ensemble assez confus. C’est bien dommage car l’ensemble est visuellement sympathique – bien qu’irrégulier – et les personnages plutôt attachants.
C’est aussi un film qui tente maladroitement de mettre en valeur le patrimoine culturel et naturel mexicain, en exploitant des aspects de la mythologie aztèque et de a faune locale. Il faut convenir que, en tant que public adulte, on est parfois intrigué au point de vouloir se renseigner sur certaines références (forcément obscures pour qui ne connaît guère la culture mexicaine). Mais cela vire presque au patriotisme mal placé par certains moments, avec une réplique du tlacuache (nom mexicain de l’opossum de Virginie, un marsupial d’Amérique du Nord) ou avec les paroles de la chanson du générique de fin. En revanche, il convient de saluer le passage le plus enthousiasmant, quand ce même tlacuache explique au chien qu’il est un xoloitzcuintle (« xolo » pour les intimes, ou plus prosaïquement « chien nu mexicain » dans le langage courant – c’est le même chien que l’on voit dans le "Coco" de Pixar) et qu’il a une importance divine considérable. Reprenant l’esthétique aztèque dans une animation 2D colorée, c’est clairement la séquence la plus magnifique et on regrette que ce même principe soit si peu exploité dans le film.
Les aspects fantastiques sont à double tranchant dans le film : d’un côté, ce sont eux qui relèvent le niveau d’un récit qui s’avère assez fade au début, d’un autre côté, l’excès de mythologie vire au capharnaüm. L’imaginaire devient une excuse trop facile pour justifier n’importe quoi, et on ne nous laisse pas la possibilité de digérer toutes les propositions qui s’enchaînent de façon vertigineuse au point d’être parfois incompréhensibles (c’est qui ce scorpion ??). On ne peut pas s’empêcher non plus de penser que l’histoire est aberrante, notamment d’un point de vue spatial – même un personnage s’étonne de se retrouver en plein désert alors que la petite troupe se trouve au cœur d’une montagne !
Si la magie opère ponctuellement (notons au passage que le grand cerf bleu fait un peu penser au Patronus de "Harry Potter") et si l’on peut rire franchement à certains moments (surtout grâce au délirant tlacuache, qui a un côté Génie de la lampe dans "Aladdin"), on est assez désorienté et l’ensemble paraît incroyablement long alors que le film n’atteint même pas 1h30 ! Il faut tout de même admettre que les 7-12 ans pourront malgré tout apprécier cette aventure bien mieux que les adultes.
Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur