LA FLOR Partie 4
Un final très réussi
La Flor est un projet de 6 films, réunis en 4 chapitres. Les quatre premiers films sont consacrés à un genre et leur histoire ne s’achève pas. Le cinquième film est une amourette comique avec de l’humour slapstick. Le sixième film est une fable sur quatre femmes traversant le désert. L’ensemble forme la Flor…
La quatrième partie de "La Flor" vient achever un programme de près de 13h. Une vraie « expérience » cinématographique. Une « expérience » oui, car cette œuvre permet de réaliser l'évolution non pas d'un réalisateur, mais du jeu de quatre actrices et de réfléchir sur la narration. Ce nouveau et dernier volet s'ouvre sur la clôture de l'épisode 4, le récit magico-réaliste. L'équipe de cinéma qui avait disparu réapparaît sans son réalisateur. Ils sont tous en état de choc et internés.
Prenant le point de vue de Gatto, l'expert en paranormal qui enquête sur cette affaire, on découvre un envers du décor par rapport à la première partie de l'épisode 4. La narration est entrecoupée de la voix-off de Gatto qui lit des lettres qu'il envoie à un autre expert aux États-Unis : Smith. Cet épisode est une incursion, une initiation même à la littérature ésotérique, à partir du passage perdu des Araignées des Mémoires de Casanova. Cet épisode est le plus maîtrisé de la série. Le bis, présent dans les trois premiers est ici bien exploité, au point qu'il ne vient plus choquer ou interrompre l'histoire. Les effets de mise en scène, très visibles, viennent se couler dans la narration et non plus la hacher. Le choix de l'acteur et de sa voix, sont une vraie réussite.
Avant de commencer le chapitre 5, une habile transition visuelle poursuit l'idée de la Continuité des Parcs de Cortazar. En effet, un carnet rouge, au cœur du récit, se retrouve dans la main du réalisateur qui vient annoncer que le film touche à sa fin. Le chapitre 5 est un moment assez surprenant. Le film est en noir et blanc et le plus souvent, muet et sans musique. Il faut un certain temps avant de comprendre que les personnages évoluent dans un monde entre la comédie slapstick de Keaton ou de Chaplin, et des films plus dramatiques, comme, pourquoi pas, ceux de Fritz Lang. Ainsi, si le ton est assez léger, et les personnages, des types, la modernité de l'œuvre se voit dans le fait qu'elle est beaucoup plus explicite que ce qu'auraient pu l'être ces modèles. A noter aussi, au milieu de l'épisode, toute une séquence de voltige, au rythme d'une chanson française des années 50.
Le chapitre 6 est quant à lui une fable. Une fable qui s'ouvre sur l'écrit, un texte sur un rétroprojecteur, puis des scènes de nature, comme des tableaux. Comme si la caméra filmait à travers une toile et voulait donner à la réalité des touches expressionnistes. Comme si d'un coup, la réalité laissait entrevoir ses coups de pinceaux. Quatre femmes évoluent à travers un désert. Une voix-off et des textes viennent raconter leur périple, de leur union à leur séparation. Un long plan séquence vient clôturer le film, et sans que la caméra ne se coupe, l'image change et l'on voit l'équipe technique apparaître, ainsi que tout l'envers du décor. Toute l'équipe, pendant ce qui va être le générique de fin, va s'embrasser et se féliciter pour le tournage, avant de plier bagage et de se mettre en route, laissant le spectateur et la caméra face au paysage, à méditer, pendant que les crédits défilent.
Cette fin, sans coupure, nous donne l’impression de faire partie d’une famille, d’avoir voyagé, un temps, avec ces artisans de la fiction. Les voir se dresser devant la caméra, ceux qui sont normalement toujours derrière, donne une idée de ce qu’a bien pu être le tournage d’une œuvre telle que celle-là et le soulagement, teinté de peur et de tristesse, qui a été le leur quand il s’est agi pour l’équipe, de plier bagage. Incluant son spectateur de manière très pertinente, cette œuvre se conclut sur un au revoir et merci des plus chaleureux.
Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur