LA FLOR Partie 2
Une poursuite effrénée dans le bis
« La Flor » est une œuvre en six chapitres présentés sous la forme de quatre films. Réflexion sur le cinéma et la narration, la seule unité entre ces parties éparses sont les quatre actrices principales qui apparaissent à l’écran.
Chapitre 3 : Après deux plongés dans le genre, du côté de l’horreur dans le premier volets et de la « comédie » musicale dans le second, le troisième volet se consacre au film d’espionnage. Ainsi, les quatre protagonistes se retrouvent cette fois dans la peau d’espionnes internationales traqués lors de la mission d’extraction d’un scientifique. Une plongée bis dans l’univers de la Guerre Froide.
L’amour qu’a Mariano Llinás pour le bis est tel qu’il infuse chacun de ses plans. Ainsi, bien qu’il veuille naviguer entre les genres, les propositions de cinéma qu’il fait se ressemblent. Le bis, ou le nanar, sont poussés jusqu’à l’outrance, en reprenant ici les codes du film d’espionnage, tout en tentant de singer ceux des années 80/90. A quoi bon ? Si les bruitages décalés et l’abus de zooms sont amusant sur la première scène, ils ralentissent la narration, et un film méta de 3h10 est alors difficile à supporter.
Dès le début du film, le réalisateur explique qu’il ne respectera pas les règles qu’il s’est lui-même fixées. Le deuxième volet de "La Flor" ne sera pas composé de deux chapitres comme le premier, mais d’un chapitre en plusieurs actes. L’acte 1 constitue la traque des quatre espionnes par un commando de femmes dirigé par le mystérieux Squelette. L’acte 2 est l’histoire de deux des espionnes traquées.
Le fait de choisir une narration fragmentée tranche avec les deux précédents chapitres qui se concertaient en une seule action, racontée de manière linéaire. L’autre décalage avec le précédent volet est le travail sur la langue. En effet, les personnages parlent pour la plus part en Français, avec leurs accents. Cela ressemble à un doublage un peu douteux, ce qui renforce l’aspect bis et l’étrangeté de cet objet filmique.
Prêtant le flanc aux défauts des films à sketchs, les différents chapitres et mêmes actes de "La Flor partie 2" sont de tenue inégale. La partie la plus réussie, où converge la mise en scène, le jeu d’actrice, la musique et les effets, est sans doute l’histoire de l’espionne muette, interprétée par Pilar Gamboa. Son histoire, construite au fur et à mesure des documents que consultent Squelette, s’accompagne d’une réflexion de sa part sur le statut de l’espion et sur la véritable définition d’une taupe. En plus d’être d’une grande efficacité scénaristique et narrative, cette séquence est très intelligemment mise en scène et fait vivre beaucoup d’émotions. D’une grande efficacité, ce moment semble suspendu dans le reste du film où les effets de mise en scène viennent noyer la compréhension, au point de rendre l’histoire assez ennuyeuse.
Il est difficile de s’étendre sur "La Flor", de proposer une analyse ou même réelle une critique d’un film qui est en cours et qui marche comme un tout. Mais si le premier volet avait su susciter un intérêt, en particulier grâce à la surprise que constituait sa forme et son traitement (en passant au stade supérieur du méta, en augmentant le jeu sur les codes et les clichés du genre), ce deuxième volet semble bien plus long et éreintant, ceci malgré la belle séquence évoquée.
Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur