LA FILLE DU PATRON
Une fraîcheur et une vérité qui ne comblent pas une écriture trop convenue
Premier long métrage du comédien Olivier Loustau, "La Fille du patron" met en scène l’amourette entre un employé d’usine (Loustau lui-même, charismatique dans son bleu de travail) et ladite fille du patron (Christa Théret, de plus en plus subtile dans son jeu). En plus de cette différence de classe sociale, une quinzaine d’années les sépare. L’homme, marié et père d’une enfant, entraîne également l’équipe de rugby de la société. Il est à la fois manager d’atelier et coach sportif, le film faisant aisément le lien entre les deux domaines. La jeune étudiante, elle, ne connaît rien au monde ouvrier et profite de la position de son père pour faire un stage sur la prévention des risques et le bien-être au travail. Un film social en puissance qui parle des maux que connaissent bon nombre d’ouvriers ces temps-ci.
Alors oui, Olivier Loustau réussit parfaitement à faire transpirer une fraîcheur et une vérité à son film. Le spectateur se sent bien dans cette ambiance de village, avec ce barbecue plus vrai que nature, et dans cette troisième mi-temps où l’on s’épaule pour danser, à moins que ce ne soit pour éviter de tomber à cause des trop nombreux verres vidés. On se sent également comme à la maison dans cette entreprise, que ce soit dans le bureau du patron ou les vestiaires des ouvriers. On sympathiserait bien avec tous ces bons gars qui bossent durs et qui mettent du cœur à l’ouvrage. Loustau est définitivement à l’aise avec une chose : le naturel. D’ailleurs, ses comédiens sont tous très bons, débordant d’énergie et de spontanéité (et puis quel plaisir de retrouver Stéphane Rideau, qui s’était mis en marge des plateaux de tournage depuis 2011).
On est toutefois loin d’un film comme "La Loi du marché", pour ne citer que le plus récent. Il faut dire que le matériau initial du film aurait mérité un travail plus abouti. Le scénario suit un parcours trop bien balisé quand on aurait préféré qu’il nous sorte des sentiers battus. Il se laisse également aller à quelques facilités souvent déconcertantes. La plus évidente étant l’embauche par le patron de sa fille, sans qu’il n’en avertisse personne tout en songeant que ça ne se saura jamais… La love-story, quant à elle, manque de profondeur et de piment, et aux trois quarts du film on se désole un peu que celui-ci n’ait rien d’autre à nous proposer… Décevant.
Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur