LA FIERA Y LA FIESTA
Pour Géraldine Chaplin
Vera V., actrice, débarque chez un ami en République Dominicaine, avec pour projet de tourner le film dont rêvait Jean-Louis Jorge, ami cinéaste assassiné. Peu à peu la maison se remplit de connaissances, mais aussi de nouvelles têtes…
Le réalisateur dominicain décédé dont il est question dans ce film, Jean-Louis Jorge, auteur notamment de "Mélodrame", est mort en 2000 assassiné. Le film lui est dédié. Et les plus curieux admireront des extraits de ses films au générique de fin. Autour du principe ultra rebattu du film dans le film, Laura Amelia Guzmán et Israel Cárdenas fait de la grande Géraldine Chaplin une actrice habitée par son ami, s'inventant réalisatrice pour sa mémoire, comme on porterait un héritage trop lourd. Ceci jusqu'à non seulement remplacer le réalisateur, mais aussi faire corps avec son personnage (ici Madame, 63 ans, tenancière de l'établissement "La Nuit").
Autour d'une grande villa moderne, lieu de calme et de relaxation, loin de l'agitation des scènes de tournage, c'est à un certain passé que les personnages s'attachent, la famille de cinéma comptant plus que tout. Celle-ci donne la mesure du temps qui passe, puisque seuls quelques uns sont encore de ce monde (le costumier, qui accueille la troupe chez lui, Martin le chef opérateur, Udo Kier, l'acteur et apparemment chorégraphe...) et vont venir renforcer l'équipe.
Les réalisateurs soignent les cadres, jouent avec les reflets sur l'eau et avec les silhouettes. Évoquant le cinéma de Jorge, plus par petites touches surréalistes, ils construisent une étonnante parenthèse, emplie de nostalgie, de goût pour le fantastique et d’une certaine idée de liberté. Au sein du film, "La fiera y la fiesta", comédie musicale horrifique prend forme, et Géraldine Chaplin règne en maîtresse.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur